Saturday, September 30, 2006

Exposition : Les Perses Sassanides, Fastes d'Un Empire Oublié

Du 15 septembre au 30 décembre 2006

Musée Cernuschi, Musée des Arts de l’Asie de la Ville de Paris
7 avenue Vélasquez
75008 Paris

Tél : 01 53 96 21 50

Accès

Métro : Monceau, Villiers

Bus : 30 et 94

Ouvert tous les jours (y compris le dimanche) sauf lundi de 10h à 18h

Prix : 7 Euros Tarifs réduits : 4.50 et 3.50 Euros

  • Visite commentée de l'exposition "Les Perses Sassanides. fastes d'un empire oublié" (224-642 après J.C.)

Les mardis 19 et 26 à 14h30 durée 1h30 (sans réservation)
Les samedis 16; 23 et 30 à 14h30 durée 1h30 (sans réservation)
Les jeudis 21 et 28 à 14h30 durée 1h30 (sans réservation)

  • Jeudi 19 octobre à 18h30 : Conférence autour de l'exposition "Les Perses Sassanides" : "Les reliefs rupestres à l'époque sassanide" par Françoise Demange (réservation obligatoire)
  • Jeudi 26 octobre à 18h30 : Conférence autour de l'exposition "Les Perses Sassanides" : "Le monde sassanide dans la littérature persane" par Charles Henri de Fouchecour
  • Samedi 07 et 14 octobre à 16h : Lecture du Shâh Nâmâ (Livre des Rois) du poète Firdawsi

Plus de 200 oeuvres présentées dans l'exposition et empruntées aux plus prestigieuses collections internationales des États-Unis, d'Europe et d'Iran témoignent de la diversité de cet art somptuaire et de son iconographie où les influences hellénistiques se mêlent aux traditions plus authentiquement iraniennes.

La dynastie des Sassanides régna sur la Perse pendant quatre siècles (224 - 642), du deuxième siècle après Jésus-Christ jusqu’à la conquête musulmane. En 224 ap. J-C, Ardeshir, un prince de la région du Fars au sud-ouest de l’Iran, détrône Artaban, le maître de l’empire parthe. Il prend le pouvoir et fonde une nouvelle dynastie, la dynastie des Sassanides d’après le patronyme de son ancêtre, Sassan. Les Sassanides vont gouverner pendant plus de quatre siècles le dernier des grands empires de l’Orient antique, aussi vaste que celui des Perses achéménides dont ils se veulent les héritiers. Rival à l’ouest de Rome puis de Byzance, au contact à l’est avec le monde mouvant des royaumes d’Asie Centrale, en relations suivies avec la Chine, l’empire sassanide est l’une des grandes puissances de son temps.

Au centre des créations de l’art sassanide, l’image glorieuse du souverain affirme l’unité du pays et l’autorité de la couronne. Le roi domine les scènes d’investiture, de chasse, de banquet qui sont taillées au flanc des montagnes en gigantesques reliefs, gravées en miniature sur les sceaux de pierre fine ou figurées sur le fond des coupes en métal précieux.

La cour du Roi des rois est un lieu de faste et de luxe légendaire. Les fêtes somptueuses qui s’y déroulent, sont l’occasion de déployer une extraordinaire magnificence que les grandes familles nobles ou les princes alliés cherchent à imiter. Cette splendeur ostentatoire favorise un exceptionnel épanouissement des arts dits mineurs.

Plats d’argent rehaussés d’or portant l’image royale. Coupes ou carafes dont le décor illustre un bestiaire fabuleux lié à la religion mazdéenne [zoroastrienne] ou montre des danseuses, musiciennes et saltimbanques qui évoquent les fêtes et banquets au cours desquels cette vaisselle de luxe était utilisée. Verrerie, étoffes précieuses, armes d’apparat, camées et intailles, monnaies d’or et d’argent.
La diversité des oeuvres présentées et empruntées aux plus prestigieuses collections internationales des États-Unis, d’Europe et d’Iran, témoignent de la diversité de cet art de cour et de son iconographie où les influences hellénistiques se mêlent aux traditions plus authentiquement iraniennes.

Sources :

http://www.paris.fr/portail/Culture/Portal.lut?page_id=5853&document_
type_id=2&document_id=21015&portlet_id=12991

Sunday, September 24, 2006

Traduction : Kyā huā terā vādā

[Voici une traduction adaptée et provisoire d'une des chansons indiennes que j'admire et qui continue de me boulerveser lorsque je l'écoute. Je vous propose ici une traduction adaptée et provisoire qui peut certainement être améliorée. J'ai ajouté après une barre ( / ) d'autres traductions possibles. Mon but n'est pas de faire une traduction "parfaite" - ce qui n'existe pas - mais de communiquer et partager quelques impressions générales de cette chanson.
Vous pouvez écouter ce ghazal en ligne (taper "ab agar" sur le moteur de recherche des sites suivant) :

http://www.musicindiaonline.com/
http://dishant.com/

http://www.raaga.com/channels/hindi/

Mounir Nassor]

Paroles : Majrooh Sultanpuri
Musique : Rahuldev Barman
Chanteurs : Mohammad Rafi/Sushma
Film : Hum Kisise Kam Nahin (1977)

Kyā huā terā vādā
Que sont devenues tes promesses ?

Voh kasam, voh irādā
Que sont devenues ces promesses et ces intentions/projets d'antan ?
/Où sont-elles ces promesses et ces projets que tu m'avais faits jadis ?

Bhulegā dil jis din tumhe
Ce coeur ne t' oubliera jamais

Voh din zindagi kā akhri din hogā
Sauf lorsqu'il battra pour la dernière fois

Yād hai mujhko
Je m'en souviens très bien encore

Tu ne kahā thā
Tu me l'avais dit et répété

Tum se nahin ruṭhenge kabhi
Que jamais je ne me détournerai de toi

Dil ki tarāh se, hāth mile hain
Ces mains que tu avais placées jointes sur le coeur

Kaise bhalā chooṭenge kabhi
Comment, dis-moi, ont-elles pu se défaire ?

Teri bāhon mein biti har shām
Et toutes ces nuits passées dans tes bras

Bewafā, yeh bhi kyā yād nahin
O traître/infidèle, cela, aussi, tu l'aurais oublié ?!

O kehne wāle, mujhko farebi
O toi, qui m'accuse de t'avoir trahi/de t'avoir laissé tombé

Kaun farebi hai, yeh batā
Dis-moi, qui a véritablement trahi l'autre ?

Voh jisne gham lyā, pyār ki khātir
Celui qui, par amour, s'est réfugié dans la douleur/la souffrance

Yā jisne pyār ko bec dyā
Ou celui qui a si vite vendu son amour

Nashā daulat kā aisā bhi kyā
Tout cela n'est que le résultat des richesses qui te rendent ivre

Ke tujhe kuch bhi yād nahin
Car, il m'est difficile d'admettre que tu ne te souviens d' absolument rien

(Une traduction provisoire et adaptée de Mounir Nassor : mounirnassor@yahoo.co.in / www.myindias.blogspot.com)

Saturday, September 23, 2006

Concert Shivkumar Sharma (santoor) et Zakir Hussain (tabla)

Dates :

samedi 7 octobre à 17h

dimanche 8 octobre à 11H00

Lieu :

Théâtre de la Ville

02 Place du Châtelet

75004 Paris

Metro / RER : Châtelet


Détails sur le concert :

http://www.theatredelaville-paris.com/monde/cadre_monde.htm


Pour acheter les places (17 Euros / 12 Euros) :

http://www.forumsirius.net/orion/theavil.phtml?spec=748

Friday, September 22, 2006

Opka (La Nausée)

[Ce texte ("Opka") a été écrit l'année dernière, en août 2005, à la suite des attentats de Londres (07/07/2005) et après avoir vu le film admirable d'Ashutosh Gowariker Swades qui est très gandhien dans sa tonalité et très critique vis-à-vis de l'Inde contemporaine et des Indiens d'aujourd'hui, qu'ils vivent en Inde ou à l'étranger.

Il faut aussi lire ce texte en ayant à l'esprit ce qui ce passe dans "ma" communauté de musulmans chiites duodécimains (Khoja Shia Ithna Ashery) de Paris, Madagascar, Londres, Toronto, New York, etc., où petit à petit tout ce qui, de près ou de loin, rappelle l'Inde (ou les Indes) continue d'être éliminé et rejeté parce que cela serait "païen" ou "non-islamique" voire "anti-islamique", ce qui est, bien sûr, d'une stupidité immense !

Cela est non seulement absolument affligeant et attristant, mais encore ce genre de destructuration, de destruction et de fanatisme peut expliquer le fait que des jeunes gens totalement aliénés et manipulés décident un jour
(comme à Londres en juillet 2005) de poser des bombes et tuer abominablement et aveuglément d'innombrables innocents dont certains sont aussi musulmans...!

Voilà quelques précisions qui peuvent, peut-être, éclairer ce texte...

Mounir Nassor ]



Nous laissons mourir à petit feu
Parfois même à gros bouillons
Nos héritages, nos cultures
Nos littératures
De ce pays que nos ancêtres
Ont quitté plusieurs décennies auparavant
Et avant tout
Nous laissons mourir
Nos langues maternelles
Que ce soit le Kucchi ou le Gujrati
Ou les deux en même temps

Avec ces langues, c’est toute notre histoire
Notre mémoire et nos émotions
Nos rires et nos pleurs
Que nous laissons partir en fumée

Beaucoup de nos enfants
Ne comprennent plus que quelques bribes
Encore moins peuvent balbutier quelques mots
De nos langues si savoureuses

C’est tellement commode
Et facile d’accuser les autres
D’inventer de fausses raisons
L’occident, le monde moderne
Et je ne sais quoi d’autre
Alors que les coupables
Les vrais responsables
Ils ne sont pas ailleurs
Ils sont en nous

La Nausée de voir, de ressentir
Notre culture qui part en lambeaux
…ce n’est personne d’autre, c’est nous-même…

Cette Nausée
Ces sentiments de frustrations
De malaise immenses
De l’égarement
Du déracinement
De l’aliénation
…c’est nous-même qui en sommes responsables…

Pourquoi aussi laissons-nous faire
Ces moullahs et ces moulianis
Et autres barbus d’un autre monde
Pourquoi les écoutons-nous
Eux qui viennent d’on ne sait où

Nous ne disons rien
Quand ils nous enlèvent petit à petit
Jour après jour
Semaines après semaines
Mois après mois
Un peu de nous-mêmes
Un peu de notre âme
Un peu de notre vie
Ces petites choses
Parfois toutes petites choses
Qui font
…notre joie de vivre

Jadis, nous célébrions nos fêtes et nos mariages
Avec mille et une couleurs
Et même davantage
C’était joyeux
Féerique et magnifique
Nous écoutions et jouions aussi un peu de musique
Nous faisions des petites scénettes de théâtre aussi
Et parés de nos plus beaux habits
Armés de baguettes multicolores
Nous faisions de petites danses
Ces dandias et ces ratsras
Si magiques et si fabuleux
Tout droit venus du fin fond de notre culture gujrati

Il n’y avait aucune vulgarité, aucune indécence
Aucune obscénité ni malveillance
Contrairement à ce que nous ont fait croire
Ces moullahs et ces moulianis
Venus d’un autre siècle
Et d’une bien lointaine contrée

Et pourtant, ils sont venus ces barbus
Intolérants et arrogants
C’est nous qui les avons fait venir
Et plus encore
On a fait venir les plus fanatiques d’entre eux
Les plus intransigeants
Ceux qui vitupéraient le plus
Et transformaient nos rêves en cauchemars
En altérant les vérités en mensonges odieux

Tous ne sont pas pareils pourtant
Ceux qui étaient ouverts d’esprits
Tolérants et cultivés
Sages et bienveillants
On les a écartés
On leur a fermé la porte de nos mosquées
Et de nos madrassas

On a préféré faire venir des imprécateurs
Des lanceurs de malédictions et des culpabilisateurs
Des menteurs de première, des escrocs même !
Il y en avait qui avaient
L’esprit louches et tordu
…quand ils n’étaient pas simplement véreux…

Nous les avons laissés
Nous dépouiller
De nos rites,
De nos couleurs
De nos sons
De nos langues
…et finalement, quel résultat ?!
…nous avons presque tout perdu
…et en tout premier…
…la plus belle chose qui soit
…notre joie de vivre…

Aujourd’hui nos fêtes, nos mariages
Sont si tristes et si affligeants
Qu’ils ressemblent à de funèbres enterrements
A chacune de ces cérémonies
On a envie que d’une chose
…pleurer…
Est-ce ainsi que l’on doit célébrer des festivités ?

Dans la crainte de l’enfer et de supplices atroces
Tous plus faux les uns que les autres
Nous avons laissé faire nos barbus malveillants
Nous les avons laissé fulminé contre nous-même
Et nous lancer d’abominables malédictions
Que la musique
Que danser les dandias et les ratsras
Que regarder des films
C’est interdit, défendu, proscrit, haram !!
Alors que quand on y regarde de plus près
Tout cela ne contient aucune offense
Ni à Dieu ni à quiconque
…sauf à la bêtise malsaine et aux esprits obtus
…de ces barbus qui n’y comprennent manifestement rien

Tout le temps, ils nous terrorisent avec l’enfer
Mais, moi, l’enfer, je le vis tous les jours
Je le vis à cet instant même !
Quand pour exprimer ma colère
Ma tristesse, ma détresse
… ma honte, ma nausée
Il me faut …
…le faire dans une langue « étrangère »
Car dans ma langue maternelle
- j’ai tellement honte de le révéler-
…je ne peux plus le faire…
…je ne connais plus les mots pour le dire...

Dans nos madrassas à Bagneux et à La Courneuve
Il y a des classes et des cours pour les enfants
Mais, dans ces classes, tout est consacré
A la religion, à la religion, à la religion…

Aussi triste que cela puisse paraître
C’est à peu près la même chose
A Toronto, à Londres
A New York ou à Tananarive
Et en bien d’autres endroits

Dans aucune, on n’y apprend le Gujrati
Et encore moins le Kucchi
Dans aucune, on n’enseigne d’où nous venons
Il faut bien que l’on sache d’où nous venons
Autrement, comment savoir où nous allons ?

Personne ne connaît notre très riche passé
Notre littérature fameuse
Nos proverbes si amusants
Nos blagues si savoureuses
Et quelques unes mêmes un peu malicieuses
Et sans nos comptines et nos berceuses
Quels rêves nos enfants peuvent-ils bien faire sans elles ?
Qui viendra les leur dire et les leur raconter
Et les transmettre à nos petits-enfants ?
Si nous-mêmes nous nous en fichons
Et dilapidons à grand seau
Nos rites, nos langues millénaires

Si peu aujourd’hui savent que Gandhi
Cet homme que le monde tout entier nous envie
Qu’il était de chez nous, qu’il était né Gujrati
Qu’il parlait et écrivait aussi en Gujrati aussi
Alors que beaucoup de nos enfants
Et certains de nos adultes ne savent même plus
…qui était Gandhi…

Mon pays, l’Inde, me manque terriblement
Les couleurs de nos fêtes et de nos mariages d’antan
Me manquent terriblement
Les musiques, les danses de mon enfance
Me manquent énormément
Les sons, les mots, les blagues, les proverbes
Dans ma langue maternelle
Continuent de résonner fébrilement dans mon cœur
Et telle une flamme vacillante
…mon âme craint la bourrasque

Mais je sais qu’avec le temps
Ces sons frais et mélodieux
Ces images joyeuses et heureuses
D’un passé qui s’éloigne à grand pas
Se font chaque jour plus lointains et plus effacés

Bientôt, j’aurai tout oublié
Il ne me restera plus rien
Alors, ce jour-là
Accablé de chagrin et de honte
Et plein d’une nausée insupportable

…je me pendrai…

Mounir Nassor
(mounirnassor@yahoo.co.in / www.myindias.blogspot.com)

A quoi ça sert...de célébrer Eid ?

A quoi ça sert…de célébrer Eid ?
Quand tout autour n’est que ruine
…désolation et tristesse

A quoi ça sert…de célébrer Eid ?
Quand, dans mon pays
En Inde, au Pakistan, au Bangladesh
Des gens sans scrupules ni humanité
Font exploser des bombes
Sèment l’horreur et font pleuvoir des larmes
Et disent tout haut qu’ils le font
…au nom d’Allah

A quoi ça sert…de célébrer Eid ?
Quand, dans mon pays
Au Pakistan, en Inde, au Bangladesh
Des hommes, des femmes, des enfants
Des personnes âgées
Des personnes handicapées
Continuent de chercher et de pleurer
Inlassablement
Ceux des leurs
Qui ont disparu
…dans les tremblements de terre
…dans les inondations
…ou sous les bombes

A quoi ça sert…de célébrer Eid ?
Quand des gens de mon pays
Au Bangladesh, au Pakistan, en Inde
Continuent de vivre
Dans le plus grand dénuement
Dans la plus grande solitude
Dans la plus grande
Et la plus atroce
…des indifférences

A quoi ça sert de porter
De beaux habits pour Eid
De mettre de belles chaussures
Et d’exquis parfums
Si l’on ne peut même pas
Fredonner quelques chansons
Ni jouer un peu de musique
Et encore moins
Faire quelques pas
…de dandias et de rasras

Que ce soit
Pour se donner un peu de bon temps
Et de joie de vivre
Ou pour oublier
Pour un temps seulement
…ce monde si plein de tristesse
…de désolation et de ruine

A quoi ça sert…de célébrer Eid ?
Quand certaines jeunes filles
De nos communautés
Disent qu’elles ne veulent plus étudier
Ni apprendre aucun métier
Ni devenir plus libres et plus autonomes
Alors qu’elles ont tous les moyens de faire
De brillantes études
…et d’apprendre un métier bien utile
…pour elle, pour leur avenir
…et pour leur dignité surtout

Certaines d’entre elles,
Disent qu’elles veulent
Vite se trouver un mari
Qui s’occupera d’elles
Comme dans les contes de fées
Peu importe s’il subvient ou non
…à ses propres besoins aujourd’hui

Que deviendront-elles lorsque
Quelques mois
Quelques années plus tard
La malchance viendra
S’arrêter sur leur chemin
E leur privera de leur mari
Et de leur gagne-pain avec ?
Elles, qui n’ont ni études
Ni métier véritable
Mais seulement des enfants en bas âge
Et plus personne
…pour être à leur côté

A quoi ça sert…de célébrer Eid ?
Quand certaines femmes
Continuent de garder, d’entretenir
Et de rester auprès de maris
Particulièrement odieux
Des alcooliques
Des joueurs d’argent invétérés
Des hommes volages
Des êtres sans morale aucune
Et des crapules notoires
Alors que certaines d’entre ces femmes
Ont la possibilité de les flanquer dehors
Avec un bon coup de pied dans le derrière
En leur donnant
…une bonne leçon mémorable

Mais, aussi étrange que cela paraisse
Aussi incompréhensible que cela paraisse
Elles ne les mettent pas dehors
Et même s’acharnent à garder auprès d’elles
Ces êtres qui ont causé leur propre ruine
…ces êtres immondes, innommables

A quoi ça sert…de célébrer Eid ?
Quand dans nos maisons
Il y a des filles bien éduquées
Qui ne trouvent pas de maris
Alors qu’elles sont pleines de talent
Et toutes très belles
Alors que les garçons de la même maison
On les emmène se marier
…en Inde ou au Pakistan

A quoi ça sert…de célébrer Eid ?
Quand dans nos communautés gujrati et kucchi
Des femmes sont régulièrement humiliées,
Insultées, battues, maltraitées
Le plus souvent cloîtrées chez elles
Condamnées à ne faire que des enfants
Et être aux bons services d’un mari odieux
Quand ce n’est pas aux bons services
De toute la belle-famille
…tout aussi odieuse

Beaucoup
Sont privées de toute initiative
De toute autonomie
De toute liberté
Par des maris, des frères
Et des pères jaloux
De leur pouvoir hégémonique
Et de leur emprise sur ces êtres
Qu’ils savent fragiles et vulnérables
Ces femmes ainsi opprimées
Sont aussi et surtout
Nos mères, nos sœurs, nos tantes
Nos grands-mères aussi
…et, nous, lâches parmi les lâches
…nous ne faisons rien pour elles

Régulièrement, aujourd’hui encore
Dans nos communautés gujrati et kucchi
On marie sans aucuns scrupules
A des garçons totalement immatures
Ou à de vieux croûtons bien pervers
(Mais aux poches bien pleines)
Des jeunes filles
…de 16, 15 et 14 ans

Qu’adviendra-t-il d’elle
Lorsque son mari la délaissera
Après qu’elle a eu deux ou quatre enfants
Et n’aura pas même pas atteint 20 ans ?
…où ira-t-elle ?
…qui les regardera, elle et ses enfants ?

Petite déjà, on l’avait empêchée
De poursuivre ses études
Malgré les bonnes notes qu’elle ramenait
Mais, ses frères, ses cousins
Eux sont allés
Jusqu’au Japon ou aux Etats-Unis
…pour finir les leurs

Elle, on l’a gardé à la maison
On lui a bien appris les tâches domestiques
Et surtout, les jalebis et les samosas
Maintenant
Elle sait les faire les yeux fermés
…mais à quoi bon tout cela ?
…pour qui sont ces mets au goût si amers ?

En lui trouvant un mari qui grandisse
Le prestige et le pouvoir de son père
Et peut-être aussi de son grand-père
On l’a gardé à la maison
On l’a bichonnée comme
Un meuble bien précieux
Une plante rare
…si pleine de promesses
…pour ces patriarches bien intéressés

On a fait en sorte
Qu’elle soit
Ni trop cultivée
Ni trop analphabète
Le juste milieu
Pour l’exploiter à volonté
Et faire en sorte
…qu’elle ne se révolte jamais

En somme
C’est juste pour servir d’appât
A ces desseins peu flatteurs
Si vils et si mesquins
De ces odieux et criminels parents
Qu’elle a été élevée
Et nourrie à la maison
Jusqu’au jour où
On s’est débarrassé d’elle
Comme d’un objet
Devenu encombrant
Et embarrassant
Avec quelques vêtements
Un peu scintillants
Et quelques colliers de pacotille
Alors que les garçons, eux
Ont hérité
De la plus grosse
Ou de la totalité
…de l’héritage familial

Tout cela, pour préserver l’honneur
Le prestige et la gloire
De ces mâles cupides de la maison
Sous le couvert de faux principes religieux
Et la complicité odieuse
…de quelques moullahs et de quelques moullianis
…et de quelques dirigeant(e)s de nos communautés

Dès le plus jeune âge
On lui a appris à s’effacer
Dès qu’elle a su marcher
Comme maman
On lui a apprit à porter le voile
On lui a apprit tout le reste aussi
Comme maman
Dès sa tendre enfance
Elle sait
Nettoyer la maison
Eplucher les légumes
Mettre le couvert
Débarrasser la table
Et manger en dernier
Lorsque les hommes, eux
…ont fini leur assiette
…et lâché un bruyant rot barbare

Sa vie
Elle l’a passée
A servir, servir, servir
Encore, encore et encore
…éternellement, inlassablement
…docilement, silencieusement
... ….

A quoi ça sert, dans ces conditions
De célébrer Eid ?
Quand tout autour n’est que ruine
…désolation et tristesse

Car Eid ne dure qu’un jour
C’est aussi le jour de grand pardon
Des bonnes résolutions
…des prières à Dieu
…mais de quelles prières s’agit-il ?

Car, le lendemain
Tout devient pareil
Et ressemble plus que jamais
…à la veille

Aussi
A quoi ça sert…de célébrer Eid ?
Quand tout n’est qu’hypocrisies
Mensonges et oppressions
Avant comme après
…Eid surtout

Mounir Nassor
(mounirnassor@yahoo.co.in / www.myindias.blogspot.com)

Défendre Shah Rukh Khan et la musique indienne

Amies, amis,

Je voudrais partager avec vous mes réactions (voir ci-dessous) concernant un email qui a circulé sur internet intitulé :

« SHARUKH KHAN A LA REUNION !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! Réfléchissons ensemble ! (Aller ou ne pas aller ?) »

J’ai reproduis l’intégralité de cet email à la fin de mes réactions en fichier joint.

Je n’ai pas pu identifier avec certitude l’auteur(e) de cet email qui je crois est anonyme car à la fin de son email figure la mention « inconnue ». Comme cet email attaque sévèrement Shah Rukh Khan, les gens qui devaient aller à son concert du 27 août 2005 à La Réunion, et la musique indienne en général, voici ce que je voudrais lui répondre.

J’espère que vous pourrez partager, diffuser mes réactions autour de vous, et surtout me faire part de vos propres réactions à cet email de cette « inconnue » et mes propres positions.

Bien à vous tous,

Mounir Nassor
(mounirnassor@yahoo.co.in / www.myindias.blogspot.com)
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[Réponse à l'auteur(e) de l'email dénonçant le concert de Shah Rukh Khan à La Réunion.]

Chèr(e) ami(e),

Comment vous invitez au début de votre email à « réfléchir ensemble » (j’ai reproduis intégralement votre email au bas de la présente), je voudrais vous faire part de quelques unes de mes remarques. Pardon d’avance pour la brutalité et la sévérité de quelques unes d’entre elles.

1/ En écrivant ce texte qui n’attaque personne en particulier (sauf peut-être Shah Rukh Khan), pourquoi d’abord gardez-vous l’anonymat ? Votre email ne contient aucune signature sauf la mention « inconnue » au bas de celle-ci. De qui avez-vous peur ? Cela est sans doute inutile mais je vous rappelle que nous ne vivons pas sous le régime des Talibans, des Saoudiens ou de Pinochet et autres fanatiques et dictateurs barbares et intolérants.

2/ Vous avez une très curieuse façon de mettre en parallèle des situations et des évènements qui n’ont strictement rien à voir. Vous décrivez des évènements d’il y a plus de 13 siècles (les souffrances atroces d’Imam Houssein et de ses compagnons) et vous les comparez avec un évènement musical d’aujourd’hui à La Réunion (du samedi 27 août 2005) auquel vous savez que beaucoup d’Indiens de notre communauté devaient aller voir et vous tentez de les dissuader à travers des arguments que je trouve totalement infondés, déplacés et ridicules (je vais m’expliquer plus bas). Je voudrais d’abord vous citer (en italiques) :

L'histoire raconte que à Karbala, quand un Martyr blessé et agonisant tombait de son cheval, l'Armée de Yazid bin Muawiya (Que Dieu le Maudisse) s'empressait de jouer du tambour et de la musique (cela était semblable à un CONCERT !!!!!) et ainsi fêtait leur victoire. C'est de cette façon, en entendant le bruit de la musique, les cries de joies et des instruments, que les femmes dans le camp d’Imam Houssen comprenaient que l’un des leurs (un frère, un fils, un père etc.) n’était plus de ce Monde.

3/ Vous avez sans doute raison de dire que les vainqueurs de Imam Houssein et de ses compagnons ont dû « jouer du tambour et de la musique », dansé et même fêter leurs victoires en organisant des beuveries et des festins énormes. Mais, dites-moi une chose, pourquoi faites-vous preuve d’une partialité tellement sélective et d’une si grande absence de mise en contexte ? Pourquoi faites-vous seulement allusion à la musique et pas au reste ?

Vous savez très bien que le genre humain (les hommes surtout) ont d’innombrables défauts : l’un de leurs plus grands défauts, c’est de faire la guerre. Ensuite, lorsqu’ils ont gagné une guerre ou une bataille et s’il leur reste des forces et si l’environnement le permet, ils vont « fêter », « célébrer » leurs victoires et faire éclater leurs « joies » en organisant des beuveries, des danses, des musiques, des repas magnifiques, autour de leurs femmes et parfois de prostitués etc…

4/ Vous mettez en parallèle ce genre de situation avec quelque chose qui n’ y a strictement rien à voir. Vous dites que aller à ce concert de Shah Rukh Khan à La Réunion ce 27 août 2005 équivaut à faire la même chose que les vainqueurs de Imam Houssain et de ses compagnons plus de 1300 ans auparavant. Je vous cite :

2-Je ne sais pas quand je vais mourir ! J'ai des Amis de 18 ans qui sont morts alors qu'ils avaient toute la Vie devant eux!!!! Que vais-je répondre à Janab-e-Ali Asghar (un sacrifié de 6 mois) quand je serai prêt à franchir le «alame arwah» ? Que va t-il penser quand il saura que même après avoir donné sa minuscule gorge son Frère Shiia n'a pas hésité, une seconde, à oublier ce GRAND SACRIFICE pour aider Satan dans sa mission (le CONCERT) ?

Ne trouvez-vous pas que vous forcez grossièrement la ressemblance entre ces deux évènements : le premier qui a eu lieu dans un contexte de guerre et de rivalité politique, par des gens animés d’une haine féroce et barbare, assoiffés de sang et sans doute manipulés par leurs leaders (comme cela arrive, hélas, aussi de nos jours !) et le second évènement, le concert de Shah Rukh Khan, qui a lieu dans un contexte de paix, qui est un évènement privé car personne n’est tenu d’y aller et l’on doit même payer une forte somme pour assister à ce genre de concert ! Surtout, dans ce genre d’évènement musical, on y entend aucun message de haine et de diffamation envers qui que ce soit, et je vous mets au défi de me trouver un seul concert de musique de Shah Rukh Khan et d’autres chanteurs et acteurs indiens où l’on aurait proféré des paroles haineuses et insultantes envers qui que ce soit !

Bien au contraire !! Les chansons et les musiques de Shah Rukh Khan, si certaines sont un peu légères (et nous sommes assez adultes pour faire la part des choses et nous retenir de toute exagération), bien nombreuses sont celles qui sont très émouvantes, pleine d’amour et de tolérance et qui font réfléchir. Par exemple avez-vous vu et écouté les chansons qu’il chante ou qui sont chantés par d’autres chanteurs dans l’un de ses derniers magnifiques films « Swades » d’Asutosh Gowariker ? Ensuite, ne savez-vous pas que le public de Shah Rukh Khan est composé de gens de tous les groupes humains, de tous âges et de toutes les confessions ? Peut-on en dire autant de notre religion et de nos croyances parfois tellement archaïsantes et poussiéreuses ? Ou faites-vous semblant ou exprès de faire l’aveugle et la sourde en occultant tous ces aspects !

Si une seule de ses chansons, (que dis-je, si un seul vers même !) disait du mal de quiconque, cela aurait-il été toléré dans un concert réunissant des milliers de gens et n’aurait-il pas provoqué d’émeutes ? Trouvez-vous juste, honnête et acceptable de votre part d’assimiler le public de ce chanteur avec les criminels barbares que vous évoquez lorsque vous parlez de Yazid et des meurtriers de nos Imams ?

5/ Suivant le même raisonnement et faisant le même parallèle inacceptable, vous évoquez aussi le «Darbar-e-Yazid » où l’on jouait de la musique et en contraste et en opposition, vous évoquez les souvenirs pénibles (et tellement compréhensibles) que cela provoquait chez Imam Zayn-al-Abidin. Je vous cite de nouveau :

Quand l’Imam Zayn-al-Abidin (as) voyait un endroit où la Musique était courante, il se rappelait du Darbar-e-Yazid (Que Dieu le maudisse). Ne suis-je pas en train de participer à l’un des CONCERTS organisés dans le Darbar-e-Yazid (où la Sainte Famille fut humiliée) ?

Maintenant, dites mois une chose. A part de faire des beuveries, de danser, de jouer de la musique, les vainqueurs de nos Imams, ne faisaient-ils pas autre chose ? N’organisaient-ils pas des grands repas avec des tas de jus de fruits (et de l’alcool probablement), des mets plus raffinés les uns que les autres, de l’eau en abondance (source très rare et précieuse pour ces peuples des déserts) ? Donc, suivant votre raisonnement, en souvenir de sacrifices et des peines de nos Imams et de leurs compagnons, vous comme moi, vos parents, vos enfants et vos petits-enfants, nous ne devons désormais manger que des racines, des feuilles d’herbes bien écrasées et bien piétinées, des fruits bien pourris (si on en a la chance d’en trouver !) et ne boire que de l’eau de pluie (les jours où il en pleuvra !) ?!

Dans le même prolongement de votre raisonnement, en perpétuel souvenir des souffrances de nos Imams et de leurs famille, il faudra aussi interdire tous les repas communautaires, tous ces mets délicieux à l’occasion des Idd et autres festivals, tous ces plats de birianis et autre khistro que nos Jamats organisent très régulièrement. Nos fêtes religieuses et nos mariages sont déjà très mornes et très insipides au point que lorsqu’ils ont lieu, on a plus envie de rester couché (et de regarder un bon film !) que d’y aller tant ils ressemblent à de tristes enterrements qu’à une véritable fête ou mariage. Voulez-vous y rajouter en plus une bonne couche de ghams, de pleurs et de matams (sermons de souvenirs tristes et flagellations) pour que nos mosquées et nos réunions communautaires se vident encore plus vite ?!

Car si vous nous interdisez (ou nous incitez fortement à ne pas faire) une chose, à savoir écouter ou jouer de la musique, car soi-disant cela reviendrait à imiter Yazid et compagnie, alors interdisons-nous tout le reste également ! Plus d’eau, plus de riz, plus de viandes, plus de lait, plus de jus d’orange, plus de chaussures, plus vêtements en bel et bon état … Que des racines et des herbes bien piétinées !!! Que des chaussures bien endommagées et des vêtements en loques !! Ne trouvez-vous pas qu’il y a quelque chose de foncièrement faux, de foncièrement ridicule, de foncièrement grotesque dans ce que vous dites ?!!

Et, s’il vous plaît, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit à savoir que j’invite les gens à la débauche et aux beuveries car ce n’est certainement pas mon intention ni mon propos. Comme vous, je ne parle ici que sur la musique en général et le concert de Shah Rukh Khan en particulier que vous décriez si injustement et si grotesquement à travers des amalgames que malheureusement on continue d’entendre dans nos mosquées depuis des dizaines d’années et des générations à travers ces moullahs et ces moullianis manipulateurs et sans scrupules alors que d’autres moullahs et moulianis plus ouverts et plus honnêtes on les a systématiquement écartés. (voir mon texte « La Nausée » et les réponses que j’ai faites à Zahid, Goulam et Zoher).

Puisque votre piété a l’air d’être si exemplaire, pourquoi ne montrez-vous pas l’exemple publiquement en refusant toute nourriture saine et bien préparée et pourquoi ne nous montrez-vous pas l’exemple en essayant de vivre dans les mêmes termes et dans la même souffrance extrême de nos Imams, comme 1300 années auparavant ? Même les talibans, dans leur hypocrisie et leur mauvaise foi immenses, n’ont pas osé prendre de telles mesures grotesques, alors, vous voulez faire pire qu’eux ? Non, pour que l’on ne vous fasse pas ce reproche, vous avez justement choisi l’anonymat et vous vous en êtes servi là d’un paravent idéal.

6/ Enfin, je voudrais aussi attirer votre attention sur une chose qui a dû vous échapper ou que vous avez peut-être volontairement occulté. Il est de notoriété publique que grâce aux sommes énormes qu’il a récolté et gagné à travers ses films et ses chansons, Shah Rukh Khan a pu faire des dons considérables à d’innombrables associations humanitaires et venir en aide directement à des milliers de personnes en détresse, toutes confessions confondues. Ne trouvez-vous pas que par vos commentaires et vos insinuations déplacées, vous vous montrez bien injuste à son égard, que vous manipulez vos lecteurs et les gens qui vous entourent à travers des arguments totalement inappropriés, diffamatoires et les empêchez ainsi de prendre un peu de bon temps (sans aller à l’excès, je précise !), d’éprouver un peu de joie de vivre, d’échapper un peu à leurs bien souvent mornes réalités quotidiennes et d’écouter des paroles qui le plus souvent chantent l’amour, la tolérance et la bienveillance à l’égard des gens autour de nous et de ceux qui sont un peu plus loin ?


Je vous invite à consulter les articles suivants qui mentionnent les dons faits par Shah Rukh Khan à l’occasion du tsunami ? Combien d’entre nous peuvent s’enorgueillir d’avoir fait ce qu’il a fait et ce qu’il continue de faire. ?

(05 janvier 2005)

Actors Shah Rukh Khan and Rani Mukerji and director Karan Johar were the latest to chip in for the tsunami victims. The trio met the Prime Minister on Tuesday to donate a cheque of Rs 1.15 crore to the PM's Relief Fund.

[...]

Shah Rukh Khan also appealed for public contributions to the massive aid effort. He added that even a donation of just one rupee by every Indian can contribute massively to the tsunami relief.

(source: http://timesofindia.indiatimes.com/articleshow/981182.cms)


Actor Shah Rukh Khan along with other stars have given millions of rupees for the relief and rehabilitation of children orphaned or left homeless by the disaster [tsunami].

(source : http://news.bbc.co.uk/2/hi/entertainment/4148067.stm)

Vous ne trouvez pas que passer notre temps à larmoyer et en flagellations à longueur de journées et de soirées nous prive d’un peu de ce qui nous aiderait à être un peu plus humains et un peu meilleurs alors que les membres de nos communautés brillent par leur cupidité, leur hypocrisie, leur lâcheté et leur mesquinerie alors que depuis des générations on n’arrête pas de crier sur tous les toits de la planète que nous possédons la meilleure religion et que tous les autres sont dans le mensonge, l’erreur, et la disgrâce et qu’ils finiront tous sans exceptions en enfer etc…


7/ Ce qui sans doute vous attriste de voir également, c’est que Shah Rukh Khan est un musulman et qui a réussi brillamment là où la multitude médiocre et vile de nos communautés ne connaissent pas à savoir conjuguer religion, préceptes moraux, joie de vivre et musique. Depuis des années, on entend le langage que vous tenez de la bouche des Tartuffes et autres faux dévots hypocrites du haut de nos minbars et tout autour, et vous ne vous posez même pas la question de savoir pourquoi ce message martelé à longueurs de majalisses depuis des générations ne rentre pas dans l’esprit des gens. Heureusement, ces gens que vous méprisez ont un peu plus de bon sens que vos larmoiements et vos flagellations continuels et maladifs, ils savent faire la part de ce qui s’est passé 13 siècles avant et le monde moderne dans lequel nous vivons avec toutes les avancées qui ont eu lieu depuis non seulement sur le plan technologique mais aussi au niveau des idées et des modes de raisonnement.

Cela ne veut pas dire ne pas ressentir de la peine ni oublier ce qui s’est passé dans ces temps anciens et les souffrances de nos Imams. Bien au contraire ! Mais, vous, vous préférer nous faire vivre comme 13 siècles avant, alors ne faites pas les choses à moitié, en partie, ne choisissez pas ce qui vous plaît de faire, pleurnicher et se flageller, faites exactement tout comme dans ces temps-là !! Privez-vous de nourriture saine, de boissons nourrissantes, ne portez que des vêtements déchirés et rapiécés etc…Et l’on verra ensuite si votre sincérité est réelle et authentique ou de façade et de circonstances comme je le crois.

Enfin, derrière vos remarques insultantes et dégradantes à Shah Rukh Khan, nous n’attaquez pas seulement lui mais tous les gens qui ont permis de faire les chansons qu’il chante et en particulier un autre musulman d’une immense humanité et d’un immense talent, Javed Akhtar, un des plus important et véritable auteur en Inde aujourd’hui des paroles des milliers de chansons indiennes, dont beaucoup sont chantées par Shah Rukh Khan. Javed Akhtar est aussi le mari de la célèbre actrice Shabana Azmi, devenue députée au Parlement indien, est cette musulmane admirable et très courageuse qui également, comme son mari Javed Akhtar et Shah Rukh Khan, s’est énormément investie dans des causes humanitaires et de droit des femmes, toutes confessions confondues.

Je vous invite à aller consulter son site : http://www.javedakhtar.com/

Je vous invite aussi à lire quelques articles à leurs sujets et des interviews sur internet en utilisant le moteur de recherche google par exemple.

8/ Je voudrais enfin vous citer un commentaire de quelqu’un « d’important » à La Réunion sur les bienfaits de ce concert :

Paul Vergès, président communiste du conseil régional, l'a accueilli sur les marches du bâtiment. «Au-delà de votre talent et de la valeur de votre prestation artistique, votre présence à La Réunion signifie aussi que nos espoirs vont commencer à vivre et que nous sommes au début d'une longue marche de retrouvailles entre nos deux peuples» a souligné Paul Vergès en rappelant qu'une partie de la population réunionnaise a des ancêtres indiens.

(Source : http://www.ipreunion.com/photo_jour.php?PK=2052 )

Vous ne trouvez pas que ce commentaire court mais tellement éloquent du premier personnage et du plus haut responsable de l’Ile de La Réunion au sujet de ce concert et du personnage de Shah Rukh Khan répondent largement à vos insinuations et comparaisons totalement déplacées, inappropriées et finalement tellement grotesques…?

Ne trouvez-vous pas qu’au lieu d’insulter et de dénigrer Shah Rukh Khan, les spectateurs de nos communautés qui sont allés à son concert et ceux plu généralement qui comme moi ADORENT écouter de la musique indienne, vous devriez au contraire les remercier pour leur contribution à faire « naître l’espoir » et permettre les « retrouvailles des peuples » (je cite Paul Vergès) ?

J’espère que vous répondrez point par point à mes remarques et ferez part de vos observations publiquement comme je le fais ici.

Votre message est reproduit ci-dessous portant la mention « inconnue » comme seule « signature ».

Bien amicalement,

Mounir Nassor
(mounirnassor@yahoo.co.in / www.myindias.blogspot.com)

----------------------------------------------------------

[Voici l'email d'une inconnue qui a circulé sur le net et qui a dénoncé le concert de Shah Rukh Khan à La Réunion]

SHARUKH KHAN A LA REUNION !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

Réfléchissons ensemble ! (Aller ou ne pas aller ?)

L'histoire raconte que à Karbala, quand un Martyr blessé et agonisant tombait de son cheval, l'Armée de Yazid bin Muawiya (Que Dieu le Maudisse) s'empressait de jouer du tambour et de la musique (cela était semblable à un CONCERT !!!!!) et ainsi fêtait leur victoire. C'est de cette façon, en entendant le bruit de la musique, les cries de joies et des instruments, que les femmes dans le camp d’Imam Houssen comprenaient que l’un des leurs (un frère, un fils, un père etc.) n’était plus de ce Monde.

Quelques questions auxquelles nous devons réfléchir avant de participer au Grand CONCERT de l’Acteur Bollywoodien.

1-Pendant le Mois de Muharram, je déverse tant de larmes de mes yeux, je déchire ma poitrine rien que pour l'Amour de Mon Imam Hussein (as) tout cela parce que les Ennemis de l’Islam ont massacré toute la Sainte Famille. Aujourd’hui, suis-je prêt à faire pleurer Mon bien-aimé Imam (as) et toute sa Famille et à déchirer leurs poitrines de douleurs, qu'ils ressentiront quand ils sauront que l?un de leurs Shi’as est allé à un CONCERT ?

2-Je ne sais pas quand je vais mourir ! J'ai des Amis de 18 ans qui sont morts alors qu'ils avaient toute la Vie devant eux!!!! Que vais-je répondre à Janab-e-Ali Asghar (un sacrifié de 6 mois) quand je serai prêt à franchir le «alame arwah» ? Que va t-il penser quand il saura que même après avoir donné sa minuscule gorge son Frère Shi?a n'a pas hésité, une seconde, à oublier ce GRAND SACRIFICE pour aider Satan dans sa mission (le CONCERT) ? Quand l’Imam Zayn-al-Abidin (as) voyait un endroit où la Musique était courante, il se rappelait du Darbar-e-Yazid (Que Dieu le maudisse). Ne suis-je pas en train de participer à l’un des CONCERTS organisés dans le Darbar-e-Yazid (où la Sainte Famille fut humiliée) ?

3-Qui vais-je faire plaisir ? Mon acteur préféré ou Janab-e-Ali Akbar ? Mon actrice préférée ou Jana-e-Zainab ? Satan ou Dieu ? Nos Ahlul-Bayt méritent-ils un tel acte (aller au CONCERT) de notre part ?

Suis-je en train d’inscrire mon Nom dans la liste des combattants de Dajjal ou de l’Imam al-Mahdi (as) ?

La question est : vais ?je choisir le camp d’Imam Houssen (as) ou celui de Yazid bin Muawiyah (maudit soit il) en allant à ce concert ?

En votre âme et conscience, méditez sur ces questions.
inconnue

Tuesday, September 19, 2006

Traduction : Ek pyār kā nagamā hai

[Voici une traduction adaptée et provisoire d'une des chansons indiennes que j'admire et qui continue de me boulerveser lorsque je l'écoute. Je vous propose ici une traduction adaptée et provisoire qui peut certainement être améliorée. J'ai ajouté après une barre ( / ) d'autres traductions possibles. Mon but n'est pas de faire une traduction "parfaite" - ce qui n'existe pas - mais de communiquer et partager quelques impressions générales de cette chanson.

Vous pouvez écouter ce ghazal en ligne (taper "ab agar" sur le moteur de recherche des sites suivant) :
http://www.musicindiaonline.com/
http://dishant.com/

http://www.raaga.com/channels/hindi/

Mounir Nassor]

Paroles de : Majrooh Sultanpuri / Santosh Anand
Film : Shor (1972)
Chanteurs : Lata Mangeshkar et Mukesh
Musique : Laxmikant et Pyarelal


Ek pyār kā nagamā hai
Il s’agit d’une histoire d’amour

Maujon ki ravāni hai
Qui est la même que celle des vagues qui s'entrelacent

Zindagi aur kuch bhi nahin
Dans cette vie, il n’y a rien d’autre qui compte

Teri meri kahāni hai
Excepté notre histoire à nous deux/Sauf ce qui nous lie tous les deux

Kuch pā kar khona hai
Lorsque l’on gagne, l’on y perd aussi/Quand on gagne, on perd

Kuch kho kar pānā hai
Lorsque l’on perd, l’on y gagne aussi/Quand on perd, on gagne

Jivan kā matlab to ānā aur jānā hai
Le sens de la vie n’est autre que d’apparaître et de disparaître/La vie n'est rien d'autre
que apparition et disparition

Do pal ke jivan ke
C’est dans ce très court instant

Ek umr churāni hai
Qu’il faut saisir toute une existence

Zindagi aur kuch bhi nahin
Teri meri kahāni hai
Ek pyār kā nagamā hai

Tu dhār hai nadyā ki
Tu es ce fleuve qui coule

Mein terā kinārā hun
Moi, je suis ton rivage

Tu merā sahārā hai
Je suis ton point d'ancrage/Je n’existe que par toi/Sans toi, je ne suis rien

Main terā sahārā hun
Tu es mon point d'ancrage/Tu n’existes que par moi/Sans moi, tu n'es rien

Ānkhon mein samandar hai
Dans mes yeux se trouve tout un océan

Āshāon kā pāni hai
Cet océan, c’est celui de toutes mes espérances

Zindagi aur kuch bhi nahin
Teri meri kahāni hai
Ek pyār kā nagamā hai

Toofān ko ānā hai
Un jour, le temps des orages viendra

Ā kar cal jānā hai
Mais, ces orages s’en iront comme ils étaient venus

Bādal hai yeh kuch pal kā
Ces nuages sombres ne sont que pour quelques instants

Chā kar ḍhal jānā hai
Ils couvriront le ciel puis se disperseront

Parchāiyān reh jāti
Ce qui demeure, ce sont les ombres/les souvenirs

Reh jāti nishāni hai
Ce qui demeure, ce sont les traces/les marques/les cicatrices/les souvenirs

Zindagi aur kuch bhi nahin
Teri meri kahāni hai
Ek pyār kā nagamā hai
Maujon ki ravāni hai

Zindagi aur kuch bhi nahin
Teri meri kahāni hai
Ek pyār kā nagamā hai

(une traduction provisoire et adaptée de Mounir Nassor : mounirnassor@yahoo.co.in / www.myindias.blogspot.com)


Zindagi ek safar hai suhānā

[Voici une traduction adaptée et provisoire d'une des chansons indiennes que j'admire et qui continue de me boulerveser lorsque je l'écoute. Je vous propose ici une traduction adaptée et provisoire qui peut certainement être améliorée. J'ai ajouté après une barre ( / ) d'autres traductions possibles. Mon but n'est pas de faire une traduction "parfaite" - ce qui n'existe pas - mais de communiquer et partager quelques impressions générales de cette chanson.
Mounir Nassor]

Paroles de : Hasrat Jaipuri

Film : Andaz (1971)

Chanteur : Kishore Kumar

Musique : Shankar Jaikishan

Zindagi ek safar hai suhānā
La vie est un voyage merveilleux

Yahān kal kyā ho kisne jānā
Nul ne sait de quoi demain sera fait

Hanste gāte jahān se guzar
La où tu vas, vas-y avec le sourire

Duniyā ki tu parvāh nā kar
Et ne t’occupe pas de ce que disent les gens du monde

Muskurāte hue din bitānā
Passe tes journées le sourire aux lèvres

Yahān kal kyā ho kisne jānā
Nul ne sait de quoi demain sera fait

Maut āni hai āegi ek din
Un jour, il te faudra bien mourir, mais cela se fera en son temps

Jān jāni hai jāegi ek din
Ton âme devra disparaître, mai cela se fera en son temps

Aisi bāton se kyā ghabarānā
Pourquoi te tracasser avec de telles pensées ?

Yahān kal kyā ho kisne jānā
Nul ne sait de quoi demain sera fait

(une traduction provisoire et adaptée de Mounir Nassor : mounirnassor@yahoo.co.in / www.myindias.blogspot.com)

Saturday, September 09, 2006

Amartya Sen (version française)

Si vous ne connaissez pas encore Amartya Sen, le célèbre économiste et penseur indien, qui a reçu le prix Nobel d’économie en 1998 et aujourd’hui professeur dans de très grandes institutions universitaires (Harvard et autres…), je vous encourage vivement à écouter et à le voir dans une vidéoconférence admirable et récente (avril 2006) accessible en ligne à l’adresse suivante :

(ATTENTION : UTILISER INTERNET EXPLORER CAR LA VIDEO N'APPARAÎT PAS SOUS MOZILLA)

http://market.videoarch.com/idrc/index.htm

Ses idées et ses pensées sur les évènements et phénomènes du présent et du passé, sur les questions concernant les civilisations et les religions, sur les multiples identités contextuelles de chacun d’entre nous, sur les racines de la violence (notamment sur les violences religieuses) et sur notre monde économique globalisé sont particulièrement intéressantes, stimulantes et très souvent pertinentes.

Cette vidéoconférence est absolument magistrale et superbe ! Pour ne pas perdre une miette de ce qu’il y dit, je vous invite d’abord à faire connaissance avec ce qu’il a écrit et à lire les articles et interviews aux liens suivants :


L'illusion de l'identité (avril 2006)

http://www.idrc.ca/fr/ev-96559-201-1-DO_TOPIC.html

Conversation avec Amartya Sen (juin 2006)

http://www.idrc.ca/fr/ev-98462-201-1-DO_TOPIC.html

Traiter les causes sociales de la maladie (avril 2006)

http://www.idrc.ca/fr/ev-96587-201-1-DO_TOPIC.html

Paroles d’économistes (FINANCES & DEVELOPPEMENT, Septembre 2004)

http://www.imf.org/external/pubs/ft/fandd/fre/2004/09/pdf/people.pdf

What clash of civilizations ? Why religious identity isn’t destiny ? (SLATE, March 29, 2006)

http://www.slate.com/id/2138731/

The diverse ancestry of democracy (FINANCIAL TIMES, 13 JUNE 2005)

http://www.sarid.net/archives/2005-june/0607-democracy.htm

J’espère que vous me ferez part de vos réactions et commentaires sur ses idées prochainement.

Vous trouverez des articles sur Amartya Sen à l’adresse suivante :

http://www.nd.edu/~kmukhopa/cal300/sen/articles.htm

D’autres articles et conférences par Amartya Sen au lien suivant :

http://folk.uio.no/danbanik/AmartyaSenlectures.htm

En attendant, bonne lecture et bonne vidéoconférence !

Mounir Nassor

(mounirnassor@yahoo.co.in / www.myindias.blogspot.com)

Introduction à "yeh jo des hai tera" (film Swades)

Voici une chanson absolument magnifique du dernier film d’Ashutosh Gowariker, Swades (« La mère patrie », « la patrie » ou « la terre maternelle ») intitulée « yeh jo des hai tera… » (« ce pays qui est le tien… »

Ashutosh Gowariker avait été le réalisateur du magnifique film Lagaan que, j’espère, vous avez tous vu. Si vous n’avez pas encore vu Swades, je vous recommande d’aller le voir très rapidement et si possible de le revoir une seconde fois.

Les paroles de cette chanson très émouvante ont été composées par le très célèbre et très talentueux Javed Akhtar, auteur de centaines de chansons magnifiques. La musique est du fameux A.R. Rahman, aux talents de musicien incroyables et qui, en plus, chante lui-même cette chanson.

Rappelons « brièvement » le contexte de cette chanson. Cette chanson vient en écho, en accompagnement d’un des thèmes centraux de ce film, à savoir un appel lancé aux émigrés (indiens) vivant en Occident ou ailleurs, surtout ceux qui ont plus ou moins brillamment réussi, de ne pas oublier ni de rester indifférents à ce qui se passe dans leur pays d’origine, leur mère patrie, la terre de leurs ancêtres, leur « swades(h) » qui souffre et continue de nos jours encore de souffrir d’innombrables maux, difficultés et désastres et qui a tant besoin de ses enfants partis au loin et qui sont devenus de brillants ingénieurs, hommes et femmes d’affaires, enseignants, avocats, médecins, intellectuels…

Le film donne l’exemple d’un émigré indien qui décide finalement de tout quitter pour retourner en Inde et plus précisément dans une région où il manque presque tout ce qui constitue aujourd’hui les bases du confort moderne (l’eau courante, l’électricité, internet…).

C’est là une démarche très courageuse mais très difficile à réaliser aussi surtout quand on a des obligations familiales importantes dans le pays d’accueil. D’autres voies sont possibles et elles me semblent plus faisables et plus réalistes : faire du tourisme dans des régions défavorisés (cela fait vivre l’économie locale), participer à des chantiers de réhabilitation, à des activités des associations humanitaires et culturelles à temps plein ou à temps partiel pendant son séjour en Inde, etc.

Les possibilités sont immenses si on veut bien quitter son hôtel cinq ou six étoiles...

De « l’extérieur » aussi on peut aider sa terre natale en se tenant informé de ce qui s’y passe, en faisant de dons à des associations locales actives et fiables qui oeuvrent en faveur des personnes âgées, des handicapés, des habitants des bidonvilles, des femmes battues ou délaissées, des veuves, des malades du Sida, de la lèpre, etc. et aussi celles qui aident les micro-entreprises, développent le micro-crédit, participent au commerce équitable, etc.

Ce film contient un message très fort à travers l’histoire particulière de Mohan, et je trouve que c’est un très beau point de départ pour une vraie réflexion sur nos sociétés en diaspora en « occident » ou ailleurs.

Enfin, cela dépend entièrement de nous de faire que ces belles idées ne restent pas sur le quai et que nos richesses parfois exubérantes servent à quelque chose de vraiment utile.

En espérant que vous me transmettrez quelques lignes de commentaires,

mounirnassor@yahoo.co.in / www.myindias.blogspot.com

Yeh jo des hai tera (version française)

Je vous propose une traduction mais n’oubliez pas qu’une traduction est toujours un peu une trahison…. Alors, en espérant que vous vous montrerez cléments, d’avance mille pardons pour ces bien involontaires petites et grandes imperfections…

Un petit rappel aussi, respectez les droits d’auteurs, ne téléchargez pas les chansons (ni les films)!

Mounir Nassor

(mounirnassor@yahoo.co.in / www.myindias.blogspot.com)

(Note : séparée par une barre, je donne une ou plusieurs traduction(s) alternative(s) possible(s).)

Yeh jo des hai tera
(les paroles sont du fameux Javed Akhtar, le chanteur est A. R. Rahman et la musique est par A. R. Rahman)

Yeh jo des hai tera
Cette terre qui est la tienne / ce pays qui est le tien

Swades hai tera
C’est ta propre terre maternelle / c’est ta propre patrie / ce pays, c’est le tien

Tujhe hai pukara
C’est toi qu’elle appelle / c’est qu’il appelle

Yeh voh bandhan hai
Ce lien qui existe entre toi et elle / ce lien qui existe entre toi et lui

Jo kabhi toot nahin sakta
Jamais il ne pourra se rompre

Mitti ki hai jo khushboo
Le parfum de cette terre

Tu kaise bhulega
Comment l’oublieras-tu ?

Tu chahe kahin jae
Où que tu veuilles aller / quel que soit l’endroit où tu iras

Tu laut ke aaega
Tu t’en retourneras

Nayi nayi raahon men
A chacun de ces nouveaux chemins

Dabe dabe aahon mein
A chacun de ces soupirs réprimés

Khoe khoe dil se tere
A ton cœur bien égaré

Koi yeh kahega
Quelqu’un viendra te dire / quelque chose te dira
(refrain)

Yeh jo des hai tera
Swades hai tera
Tujhe hai pukara
Yeh voh bandhan hai
Jo kabhi toot nahin sakta

Tujhe zindagi hai yeh kahe rahi
La vie est en train de te dire / chaque chose de ta vie vient te rappeler

Sabh to paa liya abh hai kya kami
Tu as tout ce qu’il faut, que te manque-t-il ? / tu as tout dans ta vie, de quoi d’autre peux-tu avoir besoin ?

Yiunh to saare sukh hai barse
Déjà, le bonheur le plus complet s’est déversé sur toi

Par door tu hai apne ghar se
Mais tu es loin de chez toi / mais de chez toi, tu es bien loin

Aa laut chal tu abh deewane
O âme égarée,, allons maintenant, rentre à la maison ! / O âme égarée, il est grand temps, mets-toi en marche vers ta terre maternelle (vers ton pays) !

Jahan koi to tujhe apna maane
Là ou il y a des gens te considèrent comme le leur / là où tu ne seras plus un étranger

Awaz de tujhe bulane wahi des
Réponds à cette terre qui t’appelle / réponds à ce pays qui t’appelle

Yeh pal hai wahi
C’est cet instant précis

Jis mein hai chupi
Dans lequel sont cachés

Puri ek sadi, saari zindagi
Un siècle tout entier, une vie toute entière

Tu na pooch raaste mein ka hai
En chemin, ne t’interroge pas sur ce qui t’attend

Ae hain is tarah do raahein
Ainsi tu as devant toi deux chemins / ainsi tu te retrouves à la croisée des chemins

Tu hi to hai raah jo sujhae
Mais, c’est toi-même qui doit montrer le chemin / c’est à toi qu’il revient de montrer le chemin

Tu hi to hai abh to yeh batae
C’est toi-même qui doit indiquer / C’est toi-même désormais qui doit indiquer

Chahe to kis disha men jae
Le chemin qu’il faut prendre

Voh hi des
Ce pays-ci

Yeh jo des hai tera
Qui est ton propre pays
Swades hai tera…

(une traduction provisoire de Mounir Nassor : mounirnassor@yahoo.co.in / www.myindias.blogspot.com)

Yeh jo des hai tera (English version)

Here is a tentative translation of a very moving song « yeh jo des hai tera » from this fantastic movie Swades, directed by Ashutosh Gowariker. The lyrics are by the famous Javed Akhtar and the singer is by the famous A. R. Rahman. Do not forget that a translation is more or less a betrayal of the original text and that there can never be a perfect and absolutely faithful translation from one language into another. Whenever possible, I have also given also alternative translation after a slash.

Mounir Nassor

(mounirnassor@yahoo.co.in / www.myindias.blogspot.com)

Yeh jo des hai tera
(lyrics by Javed Akhtar / music director: A. R. Rahman / singer: A. R. Rahman)

Yeh jo des hai tera
This very land that is yours / this very country that is yours

Swades hai tera
It is your very motherland / fatherland

Tujhe hai pukara
And it is calling out to you

Yeh voh bandhan hai
This very bond between this land and you

Jo kabhi toot nahin sakta
How could it ever break up ?

Mitti ki hai jo khushboo
The fragrance of this very land

Tu kaise bhulega
How could you ever forget it ?

Tu chahe kahin jae
Wherever you would wish to go

Tu laut ke aaega
No matter what happens, you will come back to this very land

Nayi nayi raahon men
In each and every paths

Dabe dabe aahon mein
In each and every suppressed sighs

Khoe khoe dil se tere
To you strayed heart

Koi yeh kahega
Someone / something will remind you of this

Yeh jo des hai tera
That this land that is yours / That this country that is yours

Swades hai tera
It is your very motherland / fatherland

Tujhe hai pukara
Yeh voh bandhan hai
Jo kabhi toot nahin sakta

Tujhe zindagi hai yeh kahe rahi
Your whole life seems telling you

Sabh to paa liya abh hai kya kami
You have achieved everything in it, what else could you expect to get you don’t already have ?

Yiunh to saare sukh hai barse
As if you had been showered by life’s riches and happiness

Par door tu hai apne ghar se
But, you are so far away from home

Aa laut chal tu abh deewane
Do come back now, you old fool

Jahan koi to tujhe apna maane
To this very place where people will consider you as one of them

Awaz de tujhe bulane wahi des
Do answer to this call from this land

Yeh jo des hai tera
This very land that is yours / this country that is yours

Swades hai tera
Which is your very motherland / your very fatherland

Yeh pal hai wahi
This is the right time

Jis mein hai chupi
In which lay hidden

Puri ek sadi, saari zindagi
An entire century, an entire lifetime

Tu na pooch raaste mein ka hai
Do not ask what is awaiting ahead

Ae hain is tarah do raahein
You now have reached a crossroads

Tu hi to hai raah jo sujhae
It behoves to you to choose this very path

Tu hi to hai abh to yeh batae
It is for you to show which path should be taken

Chahe to kis disha men jae
It is for you to show the direction that should be taken by

Voh hi des
This very land / this very country

Yeh jo des hai tera
This very land that is yours / this very country that is yours
Swades hai tera…
Which is your very motherland / which is your fatherland...

(a tentative translation by Mounir Nassor : mounirnassor@yahoo.co.in / www.myindias.blogspot.com)

Gandhi : si proche et ....si loin !

Alors qu’à toute évocation de l’Inde on associe inévitablement, parfois ad nauseam, le nom de Gandhi, aussi paradoxal que cela puisse paraître, dans l’Inde d’aujourd’hui, Gandhi est à la fois incroyablement omniprésent et cruellement absent. Outre les innombrables statues, places et autres « MG Road » (« MG » pour Mahatma Gandhi) que l’on trouve dans pratiquement toutes les villes et toutes les bourgades indiennes, cette omniprésence de Gandhi dans la vie de tous les jours et de tous les Indiens se révèle surtout à travers les billets de banque qui portent son effigie. Qu’on le veuille ou non, Gandhi, à travers son effigie, est ainsi présent, ou plutôt omniprésent, jusqu’au plus petit recoin de l’Inde qui compte aujourd’hui plus d’un milliard cent millions d’habitants et qui se targue, non sans raisons, d’être la plus grande démocratie du monde.

Comme chacun sait, l’argent est à l’origine d’innombrables vices et malheurs pour soi-même et pour autrui, aussi, le fait que le portrait de Gandhi soit sur les billets de banque est un appel et un rappel des messages humanistes de Gandhi au sujet de l’argent qui ne doit être utilisé que pour les bonnes actions et d’abord en faveur des plus démunis et des plus vulnérables. Or, manifestement, ces appels et ces rappels restent à ce jour pratiquement lettre morte tant la réalité d’aujourd’hui en Inde tranche avec les idéaux gandhiens !

En effet, d’un autre côté, Gandhi est aussi absent d’une façon particulièrement cruelle. S’il avait vécu jusqu’à aujourd’hui, il est plus que probable que l’état de l’Inde actuelle l’aurait totalement révulsé tant cette Inde du XXIème paraît bien loin des idéaux et des valeurs pour lesquels il s’était farouchement battu durant toute sa vie : corruptions politiques et économiques, corruptions des mentalités, mensonges et manipulations innombrables, non-respect de l’environnement, intolérances et violences religieuses, cupidités et égoïsmes de toute sorte, gaspillages en tout genre, mauvaise éducation, oppression des femmes et des minorités fragiles, mafias, artificialité, absence d’hygiène, etc. Cette Inde qu’il a mené, avec d’autres, a l’indépendance semble bien loin de ce combat incessant qui a été le sien et qui a porté sur quelques principes fondamentaux : humilité, simplicité, générosité, vérité, tolérance, hygiène, fair-play, justice, bonne éducation, liberté, respect de l’environnement, droits et devoirs justes et équitables des uns et des autres, solidarité, etc.

Ce qui est plus surprenant encore, c’est que les Indiens, à l’étranger comme en Inde, brandissent souvent - et fièrement - le personnage de Gandhi et les idéaux qu’il a incarné comme étant le contre-modèle de « l’Occidental » et des valeurs « occidentales » alors qu’eux-mêmes, au XXIème siècle, n’ont adopté et mis en place aucun (ou presque) des principes défendus par Gandhi. Un petit rappel de quelques éléments de sa vie jusqu’aux débuts de sa carrière politique en Inde permettra, peut-être, de constater le gouffre immense qui existe entre l’Inde d’aujourd’hui et ce qui a été son combat constant durant la plus grande partie de sa vie. On pourra aussi constater que Gandhi a été largement inspiré par ses expériences à « l’Ouest », par ses rencontres et ses lectures d’auteurs et de penseurs « occidentaux » même si, de retour en Inde, il a, en quelque sorte, « adapté » cet héritage, ces connaissances et ces inspirations puisés en « Occident » en lui donnant une texture plus « indienne ». C’est sans doute cette approche « fusionnelle » ou « synthétique » des valeurs et des idéaux de « l’Ouest » et des Indes qui l’ont fait connaître et apprécier à l’étranger comme à l’intérieur des Indes. On verra ainsi que cela tranche véritablement avec l’image stéréotypée - bien sûr fausse - d’un Gandhi représentant l’antithèse de l’homme et de la pensée de « l’Ouest ». C’est aussi, sans doute, parce qu’il a su « fusionner » ces héritages différents que Gandhi reste encore aujourd’hui une icône vivante et une source d’inspiration universelle pour de nombreux individus à travers le monde.

Mohandas Karamchand Gandhi est né en 1869, le 02 octobre, à Porbandar, une petite ville portuaire située sur la côte sud du Gujarat dans une famille qui comprendra, avec lui, quatre garçons. Son père appartenait à la communauté hindoue des Mod Banias, une caste vaisya marchande. Il était diwan (l’équivalent de « premier ministre » ou de « gouverneur ») de la petite principauté gujarati de Rajkot. Il avait auparavant occupé ce poste à Porbandar et à Junagadh. La mère de Gandhi, Putlibai, était une femme très pieuse et passait le plus clair de sa vie à des activités religieuses. D’une grande générosité et d’un grand dévouement, elle ne ménageait pas ses efforts pour venir en aide à toute personne qui tombait malade autour d’elle. Comme c’était la coutume à l’époque, Gandhi avait été marié très jeune, à 13 ans (en 1881), à Kasturbai, fille d’un marchand de Porbandar. Gandhi et Kasturbai auront ensemble quatre garçons. Gandhi a passé son enfance dans une atmosphère religieuse vishnouite fortement teintée de jainisme, une religion apparentée par certains aspects à l’hindouisme et qui comprend parmi ses principaux préceptes : la non-violence, le végétarisme, le jeûne pour se purifier et le respect des différentes croyances religieuses.

Gandhi n’était pas particulièrement brillant dans ses études. Il voulait devenir médecin mais, cela n’était pas bien accepté d’un point de vue religieux dans sa famille et dans sa communauté. Aussi, pour suivre les pas de son père et faire une carrière « ministérielle », il décide de faire des études d’avocat, ce qui impliquait d’aller en Angleterre. Peu après son mariage, son père était décédé et n’avait pas laissé grand-chose à la famille pour subvenir à leurs besoins. Il réussit à obtenir l’accord de sa mère pour aller faire ses études en Angleterre en lui promettant que lors de son séjour là-bas, il ne boira pas, ne mangera pas de viande et ne fréquentera pas les femmes. Un de ses trois frères parvient à rassembler l’argent nécessaire pour son séjour en Angleterre et en septembre 1888, il fait route vers Londres pour y faire ses études d’avocat. Son anglais était assez médiocre et, au début, il avait connu beaucoup de difficulté dans la vie de tous les jours et à suivre les cours à Londres. Mais, il n’a pas désespéré et s’était dévoué corps et âme pour réussir ses études.

C’est en Angleterre que se développe son intérêt pour la foi religieuse et cela l’amène à étudier de près les textes de la religion chrétienne (la Bible) et aussi les grands textes de l’Hindouisme, notamment la Bhagavat Gita, qu’il a lue en entier pour la première fois en anglais. C’est aussi en Angleterre qu’il fait la connaissance des milieux intellectuels plutôt contestataires et moralisants de cette Angleterre ultra-capitaliste et industrielle de l’époque de la reine Victoria : des socialistes, des humanistes (Carpenter), des fabiens (George Bernard Shaw), des théosophes (Annie Besant).

Après voir terminé ses études, lorsqu’il retourne en Inde trois ans plus tard (1891 - Gandhi a alors 22 ans), c’est avec une grande peine qu’il apprend le décès de sa mère survenu quelques mois plus tôt. Quand il tente de s’installer comme avocat, il connaît plusieurs échecs en partie dus à sa propre timidité à la barre du tribunal et au fait que les avocats étaient déjà très nombreux sur la place, aussi la concurrence était rude et féroce dans ce milieu des avocats. Il tente ensuite d’obtenir un poste en tant qu’enseignant dans un lycée, mais ce sera en vain. Après quelques autres tentatives, il reçoit en 1893 une offre d’engagement comme représenter comme avocat et pour un an une firme tenue par des Musulmans à Pretoria en Afrique du Sud. Vu les difficultés matérielles qu’il connaissait, il hésite à peine et s’embarque pour l’Afrique du Sud. Aussitôt arrivé en Afrique du Sud, il sera l’objet diverses discriminations et d’agressions racistes qui auront une grande influence dans sa vie. En effet, alors qu’il voyage en première classe, muni d’un titre de voyage en bonne et due forme payé par la compagnie qui vient de l’embaucher, il est brutalement éjecté du train par un contrôleur blanc sud-africain parce qu’il avait refusé de quitter sa place du compartiment de première classe pour aller dans le compartiment de troisième classe réservé aux « gens de couleurs ». Ce genre d’injustice totalement gratuite et mêlée de brutalité restera gravée dans son esprit durant toute sa vie d’autant plus qu’il lui faudra passer la nuit entière dehors au milieu de nulle part ! Un peu plus tard, il recevra des coups d’un cocher pour avoir refusé de céder sa place à un passager blanc et d’avoir refusé de continuer son chemin à pied. Une autre fois, on lui interdira l’accès à des hôtels uniquement réservés aux Européens « blancs ». Ce genre de discriminations et d’agressions racistes, parfois verbales, parfois physiques, était le lot quotidien des Indiens en Afrique du Sud. Ils s’y résignaient et n’avaient guère les moyens de s’y opposer. Il convient de rappeler que le sort des Noirs était bien pire que celui des « gens de couleurs » comme les Indiens. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, Gandhi ne s’intéressera guère au sort de ce groupe le plus nombreux et le plus opprimé d’Afrique du Sud, à savoir les Noirs.

Lors de son, séjour à Pretoria, Gandhi apprend à mieux connaître et à apprécier les communautés musulmanes car ses patrons étaient des Musulmans avec lesquels il s’entendait d’ailleurs très bien. Il côtoie également et de très près les nombreuses autres communautés indiennes hindoues sans distinction de caste ou de jati, notamment les membres des communautés intouchables et ce sans réticence aucune, ce qui aurait été plus difficile voire impossible à faire en Inde même où les barrières entre les différentes communautés hindoues étaient pratiquement hermétiques et étanches.

Au moment de son retour en Inde, à la fin de son contrat d’un an (en 1894 - Gandhi a alors 25 ans), il découvre par hasard que les autorités sud-africaines projettent d’enlever aux Indiens le droit de vote ainsi que le projet de mettre en place, plus tard, d’autres mesures vexatoires et humiliantes à leur égard. Les Indiens d’Afrique du Sud qu’il avait côtoyés et qui avaient apprécié son dévouement lui demandent alors de rester pour défendre leurs droits, ce qu’il accepte volontiers. Aussi, c’est véritablement en Afrique du Sud qu’il est directement confronté aux effets néfastes du colonialisme européen, anglais en particulier, et qu’il fait l’apprentissage du combat politique pour défendre et militer en faveur de causes justes. C’est aussi en Afrique du Sud que sa timidité initiale se transforme en une hardiesse qui désemparera plus d’un de ses opposants et plus d’un des dirigeants coloniaux d’Afrique du Sud et, plus tard, de l’Inde britannique. C’est en Afrique du Sud qu’il met en place et fonde des communautés autonomes (un peu à la manière des kibboutz en Israël), vivant en toute simplicité, fondées et régies sur des principes éthiques et comprenant des personnes de confessions et de castes différentes. Ainsi sont créées la Tolstoy Farm et la Pheonix Farm qui annoncent ses ashrams à Ahmedabad (Sabarmati Ashram - 1915), à Sevagram en 1934 et qui seront ses modèles économiques, politiques et sociaux pour l’Inde qui était alors essentiellement rurale, comme elle l’est encore très largement aujourd’hui. C’est aussi durant son séjour en Afrique du Sud qu’il fait la connaissance des écrits d’autres auteurs et de penseurs « occidentaux » qui auront une très grande influence pour sa vision future du monde et pour son combat politique à venir en Inde. On peut citer notamment l’essai de Henry David Thoreau intitulé Civil disobedience (« Désobéissance civile »), celui de Léon Tolstoy, The kingdom of God is within you (« Le royaume de Dieu est en vous »), ainsi que celui de John Ruskin, Unto this last (« Jusqu’au dernier »). C’est également en Afrique du Sud qu’il comprend l’importance et le rôle de la presse, ce qui l’amène à fonder son propre journal The Indian Opinion (« L’opinion indienne ») en 1903 qui préfigure les très importants journaux qu’il fondera en Inde, Navajivan ou Young India (« La jeune Inde ») en 1919 et Harijan (le nom qu’il a donné aux communautés intouchables de l’Inde) en 1933.

Voyant son séjour se prolonger, en 1896, Gandhi ramène en Afrique du Sud sa famille restée en Inde. Ils y resteront jusqu’en 1914 (Gandhi a alors 45 ans), ce qui représente un séjour de plus vingt ans. C’est en Afrique du Sud que naîtront ses trois autres garçons.
C’est enfin durant son séjour en Afrique du Sud qu’il a écrit son essai fondamental intitulé Hind Swaraj (« L’Inde indépendante »), un texte aujourd’hui peu connu et peu lu, même par les spécialistes de l’Inde contemporaine. Ce texte court sous forme de dialogue, comme les dialogues socratiques de Platon, a d’abord été écrit en Gujarati en 1909 (Gandhi a alors 40 ans) puis traduit en Anglais aussitôt après que les autorités anglaises l’ont interdit. C’est véritablement dans ce texte fondateur qu’il expose sa vision du monde pour chaque individu et pour l’Inde indépendante. En particulier, il y souligne l’importance cruciale de la non-violence et des valeurs éthiques dans la vie individuelle d’abord puis dans la vie collective, il y dénonce le colonialisme pour sa brutalité et son égoïsme économique, il y dénonce les effets du capitalisme sauvage qu’il soit en « Occident » ou en Inde, enfin, il souligne la nécessité pour les Indiens de maîtriser et de mener sa propre vie fondée sur des valeurs éthiques avant d’exiger l’indépendance de l’Inde du joug britannique car sinon, l’Inde ne serait pas véritablement indépendante. Sans s’être profondément réformée, l’Inde indépendante ne ferait que reproduire les schémas politiques, économiques, sociaux et surtout si peu moraux des anciens coloniaux, ce qui est manifestement le cas aujourd’hui dans cette Inde du XXIème siècle (ainsi que dans de nombreux pays dits « décolonisés »).

Ce dernier point peut surprendre. Mais cela provient du fait que Gandhi a une analyse totalement à contre-courant des idées reçues sur l’implantation du colonialisme anglais en Inde (et sans doute ailleurs). Pour lui, c’est une partie très importante des élites politiques, militaires et économiques de l’Inde précoloniale qui est responsable de la colonisation de Inde par les puissances européennes. Les Européens puis les Anglais n’ont pu s’installer durablement en Inde qu’à la faveur des rivalités entre les rois, les princes et les marchands indiens qui les ont utilisé et manipulé dans leurs guerres et conflits contre leurs voisins indiens, qu’ils soient Hindous ou Musulmans ou autres. Les Européens puis les Anglais n’ont fait que s’incruster et profiter d’une situation largement créée et favorisée par les élites indiennes. Dans le chapitre 7 intitulé « Why India was lost ? » (« Pourquoi on s’est emparé de l’Inde ? »), il a ce jugement terrible mais si vrai et si juste sur les rasions véritables de la colonisation britannique en Inde : « ce ne sont pas les Anglais qui ont conquis l’Inde, mais ce sont les Indiens qui ont donnée l’Inde aux Anglais ». (Hind Swaraj chapitre 7)

Pour Gandhi, afin qu’à la place d’une colonisation étrangère brutale, il n’y ait pas de colonisation indigène, fondée sur l’égoïsme économique, la brutalité et l’injustice, il faut d’abord se transformer soi-même en adoptant un mode de vie fondé sur d’autres valeurs que celles des anciens colons, des valeurs et des principes éthiques fondés sur la justice, la tolérance, l’humilité, la non-violence, la solidarité, etc., autrement, cela ne sert à rien de vouloir le départ des colons britanniques car cela reviendrait à les remplacer par une autre élite qui serait alors 100% indienne mais qui aurait adopté les mêmes modes de vie, les mêmes comportements, la même langue, les mêmes valeurs que leurs anciens maîtres anglais. Cela a pour conséquence que le plus grand nombre continue, jadis comme aujourd’hui, sous le colonialisme comme sous l’indépendance, à ne pas manger à sa faim, à être mal éduqué, à ne pas trouver de travail décent, à ne pas être soigné correctement, que les oppressions de toute sorte contre les plus vulnérables continuent comme auparavant, même si tout cela se fait parfois sous des formes différentes et parfois plus sophistiquées que par le passé. Cela est assez justement illustré dans des films comme Swades d’Ashutosh Gowariker. Par ailleurs, quand on examine la situation de nombreux pays dits « décolonisés », qu’ils soient d’Afrique, d’Asie, d’Amérique latine, des Caraïbes, de l’Océanie, de l’Océan Indien, du Pacifique, quand on regarde de près la situation de l’Inde actuelle avec son milliard cent millions d’habitants, où les élites exploiteuses « blanches » ont été remplacées par d’autres élites « un peu plus basanées », on peut, à juste titre se demander, si cela valait la peine de se donner tant de mal pour lutter pour l’Indépendance de l’Inde (et des autres pays) !

Cela dit, concernant tous ces innombrables échecs de l’Inde indépendante depuis 1947, il ne faut en aucun cas faire porter le fardeau sur Gandhi, car dans les années qui ont précédé l’indépendance de l’Inde, dans les années 1940, Gandhi était déjà très affaibli et très âgé (il avait plus de 70 ans - il a été assassiné à l’âge de 79 ans en 1948). En outre, il était politiquement voire complètement marginalisé et s’opposait pratiquement à toutes les décisions et projets de l’Inde naissante qui était en train de se « libérer » du joug britannique.

En tout premier lieu, il s’était farouchement opposé à la Partition de l’Inde britannique entre l’Inde et le Pakistan et ne s’y était résigné que très tardivement et encore avec une peine et un chagrin immenses. Pour lui, la coexistence pacifique et harmonieuse entre Hindous et Musulmans était l’un des principaux piliers de sa pensée, ce qui est resté, hélas, lettre morte aujourd’hui encore.

Sans parler de la situation économique et sociale désastreuse d’une très grande partie des habitants de l’Inde, du Pakistan et du Bangladesh actuels, les récents attentats de Bombay, de Delhi, les émeutes communautaires du Gujarat de 2002, les émeutes de 1992-1993, le conflit du Kashmir, les tensions et les conflits continus avec le Pakistan, etc., l’un après l’autre, tous ces évènements témoignent chacun à leur manière de l’échec de l’Inde et du Pakistan indépendants ! Chacun de ces évènements témoignent que les valeurs et les idéaux de Gandhi qu’il a prônées restent à des années lumière de l’Inde (et du Pakistan et du Bangladesh) du XXIème siècle.

Si à travers les billets de banque qui portent son portrait, Gandhi est en effet omniprésent dans les moindres recoins de l’Inde contemporaine, s’il paraît ainsi si proche des Indiens et de leurs vies quotidiennes, sa pensée reste cruellement bien loin de cette Inde qu’il avait rêvée et pour laquelle il s’était tant battu…


Plus que jamais, bien paradoxalement, Gandhi reste si proche et en même temps, il semble…si looooooooin !

Mounir Nassor

(mounirnassor@yahoo.co.in / www.myindias.blogspot.com)


Pour approfondir :

  • Brown, J. M ., Gandhi, prisoner of hope, London : Yale University Press, 1998 [1989].
  • Markovits, C., Gandhi, Paris : Presses de Science Po, 2000.
  • Gandhi, M. K., Hind Swaraj, edited by Parel, A. J, Cambridge : Cambridge University Press, 2003 [1909].
  • Gandhi, M. K., An autobiography or the story of my experiments with truth : London : Pinguin Books, 2001 [1927]