Thursday, September 20, 2007

Le voleur de mosquée

Voici un petit texte composé il y a quelques années à la suite d'une visite d'une très belle mosquée à Bandra à Mumbai. La mosquée était d'un blanc immaculé et toute de marbre blanc. J'avais été subjugué par sa beauté mais aussi très attristé de la voir là, située à quelques pas d'un bidonville où les gens dorment, travaillent et vivent dans des conditions très souvent sordides et atroces. Je me disais que cette mosquée, qui avait dû coûter une fortune colossale, n'avait pas sa place à cet endroit et n'aurait jamais dû être construite avec autant de luxe. Toutes ces dépenses auraient dû aller à l'amélioration de la condition de ces milliers de gens qui vivent dans des conditions inhumaines et à si peu de distance de là. On pourrait en dire autant de toutes ces autres constructions pharaoniques et luxueuses qui existent à travers le monde et notamment dans les pays comme l'Inde où la pauvreté et la détresse humaines restent particulièrement criantes.

Le voleur de mosquée


Je voudrais être le voleur de mosquée
De chaque pierre, je ferai un abri
Je ferai un mur, puis deux, puis quatre
De chaque marbre, je ferai une table
De chaque pas d'escalier, je ferai une salle de bain
De chaque tuile, je ferai un toit
Dans chaque aiguille des lustres, j'amènerai la lumière dans les cahutes
De chaque morceau de moquette épaisse, je ferai des couvertures

Je volerai toutes les mosquées du monde
Et pour voler la dernière
Je traverserai tous les océans et tous les déserts

Et quand j'aurai fini de voler toutes ces mosquées
Alors, je m'attaquerai aussi aux synagogues
Et si, sur le chemin, je croise des églises et des cathédrales
Je les pillerai aussi
Et s'il me reste un peu de vie encore
Alors, j'irai dépouiller tous les temples hindous

Aucun sur terre ne respirera, ni ne mangera
Ni ne dormira sur le trottoir
Personne n'aura plus faim, ni soif
Nul n'aura plus peur et n'aura plus froid
Et d'être obligé de vivre dehors

Et dans son abri de marbre, chacun la retrouvera
Et ce sera la plus belle des retrouvailles
Cette retrouvaille de sa dignité d'être de Dieu

Mounir

Saturday, September 15, 2007

Pankhira Ne Aa Pinjaru Junun Junun Laage / Pankhira ô Pankhira

Voici une très belle chanson en Gujarati intitulée Pankhira Ne Aa Pinjaru Junun Junun Laage que l'on peut traduire par "L'oiseau trouvait sa cage un peu trop vieille". S'agissant ici d'un poème ou d'un bhajan (chant dévotionnel), il faut comprendre la métaphore de l'oiseau par l'âme humaine qui désire "s'en aller", c'est à dire quitter le monde terrestre et rejoindre Dieu. Cette chanson ou bhajan a d'abord été chantée par Mukesh et les paroles et la musique sont d'Avynash Vyas, puis son succès a été tel qu'elle a été reprise par d'autres chanteurs.

Vous pouvez l'écouter au lien suivant :

http://www.neufgiga.com/index.php?m=c9ae77e8&a=7d397569&share=LNK924546ebf786cb2df


Sur le lien suivant, vous trouverez un très beau clip video de garbo et de dandia (danses et musiques traditionnelles gujarati) que j'ai récemment trouvé sur You Tube, il s'agit du très célèbre Pankhira ô Pankhira :

http://www.neufgiga.com/index.php?m=c9ae77e8&a=7d397569&share=LNK713746ebf7d02e153

Je vous proposerai un traduction prochainement mais vos suggestions sont les bienvenues !.

(Mounir)
mounirnassor@yahoo.co.in

Monday, September 10, 2007

Concert de Chaurasia et Concert de Qawwalis du Rajasthan

Chaurasia, qui à soixante-huit ans, parcourt encore le monde comme nul autre soliste indien, semble ne pas connaître le décalage horaire... Il demeure pour tous ses collègues l’exception et personne ne sait par quel miracle il parvient à mêler tant d’activités tout en jouant partout comme un dieu. Contrairement à bien d’autres artistes de génie, on ne l’entend jamais donner un concert décevant. D’où viennent l’énergie et l’inspiration de ce fils de lutteur qui nous porte vers les sphères célestes avec sa sonorité envoûtante insurpassable ?

Chaurasia est né à Allahabad, dans l’Uttar Pradesh, l’État le plus peuplé de l’Inde. Cette ville est située au confluent du Gange, fleuve sacré comme on sait, et de la Yamuna, fleuve sur les bords duquel Krishna charmait de sa flûte magique les gopis amoureuses... Chaurasia vit ainsi le jour dans un lieu rempli de croyances où le sacré le plus antique côtoie le culte de Krishna dont l’histoire nourrit tant de sujets poétiques, chorégraphiques et une iconographie inépuisable. Le public indien n’est pas loin de considérer notre flûtiste comme la réincarnation du dieu le plus récemment apparu dans le panthéon hindou. Il suffit de voir les dizaines de fidèles qui parviennent à se faufiler pour lui rendre hommage en haies d’honneur sur le chemin qui conduit le Maître de sa loge à la scène.

Conscient d’une mission spirituelle qui lui a été impartie, Chaurasia donne son enseignement à des élèves du monde entier, venus à Mumbai dans l’école (gurukul) qu’il a fait construire et où il réside maintenant auprès de ses disciples, qu’il considère comme ses enfants.

Christian Ledoux

(source : site du Théâtre de la Ville de Paris
http://www.theatredelaville-paris.com/monde/chaurasia.html)

Date :

30 septembre 2007 à 17h

Adresse :


Théâtre de la Ville de Paris
02 place du Châtelet
75004 Paris

Métro / RER : Chatelet

Réservation en ligne à partir du site du théâtre :

http://www.theatredelaville-paris.com/monde/chaurasia.html

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Qawwali du Rajasthan : le groupe Mastana

Avec Ishak Ali Kawa (direction et chant), Alerrud Din Khan et Delip Khan (chant, harmonium), Sharif Khan et Amanat Ali Kawa (chant), Ilias Khan (clarinette, chant), Amjad Ali Kawa et Ashik Ali (tabla)

Disciple d’Ustad Shahid Parvez, Ishak Ali Khan aime à voyager à la croisée des chemins et des cultures. Bien que profondément ancré dans la tradition classique hindoustanie, il multiplie au fil des ans les expériences et les rencontres. C’est au sanctuaire d’un grand saint vénéré au Rajasthan, la Dargah Hajam Shakar War de Chirawa, qu’il s’initie aux subtilités du Qawwali. En 2000, il crée l’ensemble Mastana (en ourdou : sérénité), un groupe qui réunit des artistes issus des deux traditions : classique et Qawwali. La fusion de ces deux expressions donne le ton particulier de Mastana, puissant et sensible. Les qawwals (chanteurs) dévoilent peu à peu la mélodie de la chanson. Le rythme s’installe et les mots nous portent déjà, tournoyant continuellement. Leur chant impose un texte qui progressivement devient une évidence pour tous, bien au-delà des frontières de la langue. Le Qawwali de Mastana possède la puissance d’une musique de transe mystique doublée de la finesse et du raffinement d’une musique de cour de l’Inde du nord (khayal, ghazal…) Un voyage inévitable et inoubliable.

(JPG)

(sources : site du musée Guimet : http://www.museeguimet.fr/Spectacles,597)

Lieu :


Musée Guimet
Auditorium du musée national des arts asiatiques
06 place d’Iéna
75106 Paris

tél : 01 56 52 53 00 fax : 01 40 73 88 11 email : auditorium@guimet.fr

Métro / RER : Iéna / Trocadéro / Boissière

Tarif : 16 €

Tarif réduit : 10 €

Achat de billet sur internet (site de la FNAC) : prix : 17,60 Euros ou 11,60 Euros pour les adhérents FNAC):

http://guimet.fnacspectacles.com/place-spectacle/manifestation/Musique-traditionnelle-du-monde-MASTANA-MASTA.htm

Sunday, September 02, 2007

Reportage sur le Gujarat à la fin du 19ème siècle

Voici un reportage extraordinnaire et exceptionnel sur le Gujarat à la fin du 19ème siècle (autour 1885) par G. Valbert et publié dans la Revue des Deux Mondes en 1885 (numéro des mois de novembre - décembre - Tome 72) intitulé "Un Voyage dans le Guzerate".

Malgré tous les défauts que l'on peut lui trouver, ce reportage est d'autant plus remarquable qu'il correspond à la période au cours de laquelle la plus grande partie de nos ancêtres ont quitté cette région du Gujarat pour l'Afrique de l'ouest et l'Océan Indien. A travers cet article, on peut aussi apercevoir ou entrevoir ce qu'était cette région en cette période cruciale; enfin, on peut entrevoir les raisons qui ont motivé nos ancêtres à quitter cette région.


Cet article est accessible en ligne gratuitement, cliquer sur la page 681 et suivantes (colonne de gauche) après avoir cliqué sur le lien suivant :

Sunday, August 26, 2007

Pièces de théâtre en Gujarati sur Google Video




























Voici deux pièces de théâtre en Gujarati sur Google Video. Chaque pièce de théâtre est en deux parties d'une heure chacune:
  • Prem No Public Issue écrit par Pravin Solanki et mis en scène par Kiran Sampat.
  • Kanti Tofan Chadyo écrit par Pravin Solanki et mis en scène par Dharmesh Mehta et Jitendra Joshi.
Here are plays in Gujarati available on Google Video. These palys are in two parts of around an hour each :
  • Prem No Public Issue written by Pravin Solanki and directed by Kiran Sampat.
  • Kanti Tofan Chadyo written by Pravin Solanki and directed by Dharmesh Mehta and Jitendra Joshi.

Monday, August 20, 2007

Un video clip musical (musique rap) en Gujarati et en Anglais sur You Tube


J'ai trouvé ce clip video par hasard sur You Tube, je l'ai bien aimé pour ses nombreux messages et son ton ironique. Si vous l'appréciez également, glissez-moi quelques lignes !

I came across this video clip in Gujarati and in English by chance. I liked it a lot for its numerous messages and for its ironical tone. Drop a few lines if you enjoyed watching it !

http://www.youtube.com/watch?v=1GAoj84SoOs&mode=related&search=

Autre lien :

Another link :

http://www.neufgiga.com/index.php?m=c9ae77e8&a=7d397569&share=LNK299746ed3a91bda3b

(Mounir)

Sunday, July 15, 2007

Azad Monany : réactions à "Les Necrophages"

26 juin 2007

Mon cher Mounir,

Je suis bouleversé par ton poème (Les Necrophages), qui m'a fait verser des larmes de tristesse et même de désespoir car je sais trop bien que tout ce que tu dis est trop vrai !

Je me souviens bien d'un temps pas si lointain, et même très proche où on n'était pas loin de me considérer comme un fou avec mes idées folles sur l'Inde et sur mon indianité.

Aujourd'hui, tout le monde recommence à se sentir "fier de l'Inde" parce que l'occident découvre étonnée ce que l'Inde peut devenir, et le plus triste c'est que parmi nos "indiens de pacotille" beaucoup (sinon la majorité) se pavanent et se croient indiens alors que ce ne sont que de malheureux colonisés dans le coeur et l'esprit. En fait ils n'ont rien compris.

Je pense que tu ne seras pas étonné si je te dis que parmi les agakhanistes, la famille Monany est réputée pour être de vrais "kâfar" ou "nâstik" en matière de religion, mais que (y a t-il une corrélation?) nos enfants (quatrième génération, tout de même!) parlent encore le gujrâti! Ma fille Sunita qui a 34 ans et une petite fille de 3 ans, Lalita, a même transmis la langue à sa fille qui, même si son père n'est pas indien, parle aussi bien le gujrâti que le français (avec une richesse de" vocabulaire qui m'étonne et m'émerveille chaque fois!). Je crois quand même que, malgré tout, les charognards ne verront pas encore mourir la belle! Crois en mon amitié et plus que jamais, Jay Bharat!

Jay Bharat !


Azad Monany (azadmonany@hotmail.com)

Tuesday, June 26, 2007

Les nécrophages

Ma présence à une représentation exceptionnelle d'une pièce de théâtre en gujarati à Paris le 14 juin 2007 a inspiré ce texte. Non sans un cynisme révoltant, un grand nombre de responsables, d'élites et gens « bien éduqués et bien comme il faut » de nos communautés gujarati étaient présents à cette représentation en gujarati. Malheureusement, ce sont ces mêmes responsables et élites dirigeantes de nos communautés qui participent activement et/ou passivement (par leur indifférence, leur désinvolture, leur insouciance, etc.) à la mort lente de nos cultures indiennes et notamment de nos langues gujarati et kucchi.

En effet, dans nos centres et institutions communautaires, tout est fait directement et/ou indirectement pour que notre très riche héritage culturel ne soit pas promu et soit, au contraire, étouffé au profit d'un savoir et d'une culture uniquement religieuse et qui prend le plus souvent une forme très intolérante, très brutale et très manichéenne.

J'avais déjà exposé mon désarroi immense à ce sujet dans d'autres textes précédents, je n'ai pas pu m'empêcher d'avoir le coeur bien serré lors de cette représentation et ma rage n'en a été que plus immense vis-à-vis de tous ces gens bien comme il faut, bien éduqués et qui pourtant sont en train de démolir, non à coup de canons, mais plus insidieusement et plus sournoisement, par leur inaction, leur indifférence et surtout par leur complaisance et leur accommodement avec une religiosité souvent intolérante et aux formes très souvent nauséeuses et putrides.

Ce qui est plus triste encore, c'est que parmi ces élites dirigeantes de nos communautés, ce ne sont pas que quelques bigots bien hypocrites qui sont à l'origine de ce massacre en règle de nos traditions et de nos cultures indiennes, il y a aussi des gens qui ont vécu et qui ont été éduqués dans le monde « occidental », souvent il s'agit de jeunes gens, qu'ils aient étudié ou soient étudiants dans de grandes écoles ou qu'ils soient membres de professions (libérales souvent) ouvertes sur le monde et la modernité.

Ce qui est plus déroutant encore, c'est la complicité et la complaisance actives et/ou passives de ces derniers avec les bigots et autres Tartuffes les plus obscurs et les plus hypocrites de nos communautés.

Dans dix ans ou un peu plus, nous ne pourrons plus nous définir que comme des « ex- Indiens », des « ex-Gujarati » ou des « anciens Indiens » ou des « anciens Gujarati ». Bien tristement, pour une bonne partie d'entre nous, on appliquer cette définition dès à présent.

(Mounir)


Les nécrophages

Ils (et elles) étaient tous là, ces charognards et ces nécrophages
Ces mangeurs de viande morte ou agonisante
Ils étaient tous venus contempler
Ce cadavre jadis si savoureux et si joyeux
Fait de claquantes sonorités, de rimes savoureuses
Et de proverbes tout aussi délicieux

Ils étaient tous là ou presque
Qui tournoyaient autour de ma langue gujarati mourante
Ces élites, ces dirigeants et ces jeunes gens bien comme il faut
Et bien éduqués
De nos communautés indiennes gujarati et kucchi

Ils (et elles) ont aujourd'hui tous les pouvoirs pour
D'un claquement de doigt ou presque
Faire renaître nos langues et cultures ancestrales
Qui me sont si chères

C'est avec trois fois rien que l'on peut faire renaître
Toute une culture millénaire et qui se trouve aujourd'hui
Piétinée et dépecée par ces charognards maudits

C'est le coeur bien serré qu'il me faut me résigner
Qu'il n'en sera probablement rien
Et surtout qu'ils ne feront rien, ces fossoyeurs maudits

Ils riaient à gorge déployée, sautillaient sur leurs fauteuils
Et faisaient battre leurs ailes à de nombreuses reprises
Lorsqu'ils s'apercevaient combien cette langue qui leur est si familière
Elle qui les a accompagné depuis leur enfance
N'avait rien perdu de sa fraîcheur et de sa vivacité

Et pourtant, je sais très bien que ces hypocrites bien nés
Entourés des Tartuffes d'une bigoterie de si bas étage
Ne feront rien pour faire renaître de ses cendres
Cette langue qui s'en va à petit feu
Et qui est déjà comateuse

Déjà, ils sont si peu
Ceux d'entre nous qui parviennent à la parler correctement
Nos propres enfants n'en balbutient plus que quelque bribes et encore..!

Mais, eux, ces élites et ces dirigeants bien comme il faut
Et bien nés
Ils s'en moquent royalement de cette langue, de cette culture
Qui, comme leur mère, les a choyé et nourri de si tendres propos

Ces ingrats et ces fossoyeurs
Ils peuvent faire toutes les prières et les pèlerinages du monde
Mais, aucun dieu ne leur pardonnera d'avoir tué
Cette culture millénaire
Cette âme fragile qui s'en va sous leurs yeux
Et qu'ils dépècent jour après jour
Comme des charognards et des nécrophages

Comment ces gens-là
Peuvent-ils avoir autant d'audace et d'impudence
De venir ce soir-là
Contempler cette belle
Et si fragile mourante
Et ne rien faire après...

(Mounir)

Wednesday, June 13, 2007

Jeudi 14 juin à 21h : théâtre en gujarati : Sasuji, I Love You (comédie)

Cette pièce a été écrite et mise en scène par Bimal Mangalia de Mumbai.

Acteurs/Actrices : Jitu Kothak, Kalpana Shah, Vimal Upadhyay, Harsha Mehta, Pratima T.

Lieu :

Salle ADYAR
4 square Rapp
75007 Paris

Heure : 21h

Métro / RER : Ecole Militaire – Alma Marceau

Prix : 25 Euros

L'organisation de cette évènement a été rendue possible grâce à l'association NAGIN (Nouvelle Amicale Gujarati Intercommunautaire).

Saturday, June 09, 2007

Conférence par Najaf Haider lundi 11 juin à 18h

« Money and Accumulation in Indian Islam: Two Views from Fourteenth Century Delhi » by Dr Najaf HAIDER, associate professor at Jawaharlal Nehru University in Delhi.

There are two hungry wolves in our society, money and status”

[Ibn Hanbal, Musnad 1993: 456].

Historians of medieval India have devoted considerable attention to the role of money as an instrument of economic organization and change. Very little of it is, however, related to the impact of monetization on moral opinions and social attitudes. In medieval Europe, the spurt of commercialization and monetization after 1000 AD dislodged pride as the top cardinal sin and replaced it with avarice. At the same time, monetization made possible the acceptance of a profit economy even among scholastics, and, by inducing a new rationality and mental arithmetic, created further space for monetization. Whichever way the equation worked, it is difficult to deny that the presence and use of money impose new ways of thinking about the world. This paper is an attempt to argue that position in the case of medieval India by examining two sets of ideas and opinions on money and accumulation expressed by a fourteenth century Muslim intellectual, Ziyauddin Barani, and his contemporary mystic, the famous Chishti saint, Shaikh Nizamuddin Auliya. (Najaf Haider)

Date :

Lundi 11 juin 2007, de 18h à 20h

Lieu :

EPHE (SHP)
Université de La Sorbonne
17, rue de la Sorbonne
Esc. E, 1e étage, salle Delamarre
75005 Paris

Métro / RER : Luxembourg / St Michel

Cette conférence a été rendue possible grâce à Nalini Delvoye, dans le cadre de la direction d’études « Histoire et philologie de l’Inde médiévale et moghole, XIIIe-XVIIIe siècles » et de l’équipe EPHE EA 2719 « Inde médiévale et moderne : textes et contextes »

(ÉCOLE PRATIQUE DES HAUTES ÉTUDES - SCIENCES HISTORIQUES ET PHILOLOGIQUES - 46 rue de Lille, 75007 Paris)


Tuesday, June 05, 2007

Exposition : Photographies de Fazal Sheikh : "Ladli" et "Moksha"

[Ayant été la voir la semaine dernière, je vous recommande vivement cette très belle et très émouvante exposition photos à Paris de Fazal Sheikh : "Ladli" et "Moksha" à la Fondation Henri Cartier Bresson (voir infos pratiques ci-dessous).

Ceux et celles d'entre vous qui ont vu le film Water de Deepa Mehta trouveront dans cette exposition des échos très émouvants sur la condition féminine en Inde de nos jours. - Mounir ]

« Ladli » succède à mon précédent livre, « Moksha », où je m’intéressais à l’existence de certaines femmes en Inde, qui, une fois veuves, se trouvent abandonnées et dans certains cas maltraitées par leur famille, de sorte qu’elles quittent leur foyer et partent, comme des centaines de milliers de veuves indiennes avant elles, pour la ville sainte de Vrindavan. Là, elles consacrent le restant de leurs jours au culte de leur dieu Krishna. Les histoires que ces femmes m’ont racontées – sur leur mariage alors qu’elles étaient encore enfants, sur les sévices infligés par leur mari, qui les quittait parfois, les mauvais traitements de la part de leur belle-famille, la disparition du respect de soi, la perte de leurs droits juridiques et économiques – tout cela m’a montré la vulnérabilité des femmes dans la société indienne traditionnelle. J’ai compris que, même aujourd’hui, alors que l’Inde rejoint rapidement le groupe des nations les plus évoluées du monde, depuis leur conception, leur sexe même transforme de nombreuses femmes en victimes potentielles d’un système patriarcal qui entérine tacitement leur exploitation, les mauvais traitements qu’elles endurent, voire leur mort. (…) Quand je lis dans la presse les louanges adressées à l’Inde pour son entrée miraculeuse sur la scène économique mondiale, je m’interroge sur l’avenir des femmes dans un pays qui avance très vite vers un avenir glorieux. (Fazal Sheikh)

Biographie :

Né à New York en 1965, diplômé de Princeton en 1987, Fazal Sheikh a toujours travaillé avec des populations déplacées - en Afrique de l’est, au Pakistan, en Afghanistan, au Brésil, à Cuba et récemment, en Inde. Son grand-père, Sheikh Fazal Ilahi, est né en 1900 dans la région du nord de l’Inde devenue le Pakistan en 1947 ; son père, Abdul Majied Sheikh au Kenya en 1941. Cette lignée familiale a conduit Fazal Sheikh à enquêter sur trois continents. Sur place, il a tenu à partager le quotidien difficile de réfugiés, pour la plupart victimes de guerres civiles, ou des communautés mises au ban de leur société.

Il a travaillé au Pakistan avec des groupes de réfugiés Afghans, au Soudan, en Ethiopie, en Somalie, puis en Inde pour ses deux derniers essais. En 1994, le New York Times l’a inclus dans la liste des 30 personnalités de moins de 30 ans les plus susceptibles de changer la culture des 30 prochaines années.

Fazal Sheikh est le lauréat de nombreuses récompenses prestigieuses. Ses travaux ont été exposés et font partie des collections des plus grandes institutions photographiques internationales. Artiste engagé, il attache autant d’importance aux photographies qu’aux récits qui les accompagnent. Son talent de photographe-écrivain lui permet de s’attacher réellement à ces femmes, non comme victimes symboliques, mais comme personnalités authentiques, nommées, qui se dévoilent dans un face à face direct et intime. En vivant pendant de longues semaines au sein des communautés qu’il étudie, en partageant leur quotidien avant de les photographier, il donne à ces images et à ces mots une profondeur liée à son engagement personnel : un sincère respect des croyances, des sentiments et de la nature humaine, une volonté farouche d’éveiller les consciences.

En 2005, il est nommé MacArthur Fellow. Il est par ailleurs le lauréat des bourses de la J. William Fulbright Foundation, du National Endowment for the Arts, du Nederlands Fotomuseum, de la Mondriaan Foundation et de la Mother Jones International Documentary Fund. Fazal Sheikh a reçu le Prix Henri Cartier-Bresson en 2005 pour son essai « Moksha ».

Il a également reçu le Grand prix du dialogue de l’humanité des Rencontres d’Arles, l’Infinity Award, la Leica Medal of Excellence, le Ruttyenberg Award, et le Ferguson Award. Des expositions de son travail ont été présentées à la Tate Modern, Londres ; à l’International Center of Photography et aux Nations Unies, New York ; à la Fondation HCB, Paris ; au Musée d’Art Contemporain, Moscou.

Ses photographies figurent dans les collections permanentes du Metropolitan Museum of Art, New York ; la George Eastman House, Rochester ; le San Francisco Museum of Modern Art. Ses travaux font partie des prestigieuses collections du Metropolitan Museum of Art, New York , San Francisco Museum of Modern Art, Californie, Philadelphia Museum of Art, Pennsylvanie, International Center of Photography, New York, Art Institute, Chicago, National Museum of Kenya, Nairobi, Fotomuseum Winterthur, Switzerland, Ruttenberg Foundation, California, The New York Public Library, New York, Museum of Fine Arts, Houston, Corcoran Gallery of Art, Washington, DC, Princeton University Art Museum, New Jersey, Santa Barbara Museum of Art, Museum of Contemporary Photography, Chicago, Volkart Foundation, Winterthur, Suisse. Il partage aujourd’hui son temps entre Zürich, New York et le Kenya.

[Toutes ces infos proviennent du dossier de presse de la Fondation Henri Cartier Bresson:

Voir aussi :

Horaires :
du mardi au dimanche de 13h00 à 18h30
le samedi de 11h00 à 18h45
nocturne gratuite le mercredi de 18h30 à 20h30

fermé lundi et jours fériés

Adresse :
2, impasse Lebouis
75014 Paris
tel : 01 56 80 27 00

Métro / Bus :
Métro : Gaîté, ligne 13, sortie n°1, vers la rue de l’Ouest / Edgar Quinet, ligne 6
Bus : Ligne 28 et 58 arrêt Losserand-Maine / Ligne 88, arrêt Jean Zay – Maine

Tarifs :
plein tarif 5 euros
tarif réduit 3 euros
gratuit en nocturne le mercredi (18h30 – 20h30)

Sunday, June 03, 2007

Conferences by Usha Sanyal, visiting assistant professor at Wingate University, USA

1/ Dans le cadre du séminaire “Minorités en miroir” d'Elisabeth Aliès, Eric Germain et Aminah Mohammad-Arif, conférence suivie de questions et de discussions :

A Modern Barlewi Madrassa : The Jamia Ashrafiyya, Mubarakpur”

Lieu :

EHESS (Ecole Pratique des Hautes Etudes en Sciences Sociales)
96 boulevard Raspail
75006 Paris
Salle Denys Lombard (rez-de-chaussée)

Date : lundi 04 juin 2007

Heure : 13h à 15h

2/
Dans le cadre du séminaire de Madame Catherine Clémentin-Ojha, conférence suivie de questions et de discussions :

Different Definitions of Islam in Major Sunni Muslim Reform Movements of the 19th/20th Centuries”

Lieu :

EHESS (Ecole Pratique des Hautes Etudes en Sciences Sociales)
105 boulevard Raspail
75006 Paris
Salle 11

Date : vendredi 08 juin 2007

Heure : 15h à 17h

For more information on Usha Sanyal, visit her website : http://www.ushasanyal.org

Saturday, May 26, 2007

Exposition : L'Age d'Or de l'Inde Classique - L'Empire des Gupta (du 04 avril au 25 juin 2007)










































(see below for information in English)


Lieu :
Galeries Nationales du Grand Palais
Entrée porte Clemenceau

Place Clemenceau 75008 Paris

Ouverture : tous les jours, sauf les mardis

Horaires : de 10 à 20h et le mercredi de 10 à 22h

Prix d’entrée :
• Tarif plein : 10 €; tarif réduit : 8 €
• Gratuité pour les moins de 13 ans


Accès :
• métro : Franklin-Roosevelt ou Champs-Élysées-Clemenceau
• bus : lignes 28, 32, 42, 49, 72, 73, 80, 83, 93

Programmation culturelle :
http://www.rmn.fr/inde-classique/08programmation/index.html

Sélection d'oeuvres :
http://www.rmn.fr/inde-classique/05selection/index.html

Site du Grand Palais :
http://www.rmn.fr/inde-classique/index.html


Cette exposition est organisée par la Réunion des musées nationaux, le musée national des Arts asiatiques-Guimet et le National Museum, New Delhi. Avec le soutien de PricewaterhouseCoopers.

L’époque gupta (IVe – VIe siècle après J.-C.) marque l’apogée de la civilisation indienne. Durant cet âge d’or qui vit s’épanouir la pensée religieuse, les sciences, la littérature et le théâtre, l’art atteignit un raffinement et une perfection sans précédent ; canons esthétiques et modèles iconographiques élaborés à l’époque gupta allaient perdurer au fil des siècles et leur l’influence et leur rayonnement s’étendre jusque dans l’art du Népal, de l’Asie du Sud-Est ou encore de l’Asie Centrale.

Grâce aux prêts exceptionnels des plus grands musées indiens, quelque 110 sculptures (pierre, terre cuite, bronze) évoquent la genèse, la maturité et le rayonnement de cet art encore méconnu du public occidental. Cette exposition est la première manifestation exclusivement consacrée à l’art de l’Inde gupta organisée en France, et même en Europe.

À l’instar des souverains de la première grande dynastie historique du sous-continent indien, celle des Maurya (IVe – IIe siècle avant J.-C.), les Gupta sont originaires de l’Inde du Nord. Comme ce fut aussi le cas pour d’autres familles royales de l’histoire indienne dont l’ascendance reste quelque peu obscure, la puissance gupta se constitua progressivement à partir de l’éclatement du grand empire des Kushâna vers la fin du IIIe siècle. Ses territoires s’étendaient sur une partie de l’actuel Etat du Bihâr, avec l’antique cité de Pâtaliputra (actuelle Patnâ) pour capitale. La dynastie fut officiellement fondée en 319-320 par Chandragupta Ier, qui monta cette année là sur le trône d’un petit royaume appelé à connaître une brillante destinée. La puissance militaire et l’habileté politique des deux grands souverains que furent Samudragupta (vers 335 – 375) et Chandragupta II (vers 375 - 415) portèrent alors l’empire à son zénith avant que, vers la fin du Ve siècle, sa grandeur ne soit mise à mal par les invasions des Huns Hephtalites, précipitant l’empire dans un irréversible déclin.

Le parcours de l’exposition se veut chronologique et présente l’art gupta depuis les grands centres de création que furent Mathurâ et Sârnâth jusqu’aux foyers artistiques les plus importants situés à la périphérie de l’empire qui, à son apogée, s’étendait sur l’ensemble de l’Inde septentrionale. Au début de l’exposition, un ensemble de monnaies en or, qui comptent parmi les plus beaux exemples de la numismatique indienne, permettent d’évoquer le règne et la personnalité des plus grands monarques de la dynastie.

Un petit groupe de sculptures vient ensuite illustrer les antécédents stylistiques et iconographiques dont l’art gupta est issu, et qui plongent leurs racines dans l’art robuste et profondément éclectique des Grands Kushâna (Ier – IIIe siècle).

Les grands foyers artistiques que furent au Ve siècle Mathurâ et Sârnâth sont ensuite évoqués à travers un éblouissant ensemble de sculptures – bouddhiques, jaïnes et brahmaniques. Taillées dans le grès rose de Mathurâ ou le grès beige de Sârnâth, ces effigies divines, frémissantes d’intériorité et de spiritualité contenue, empreintes de grâce et d’une élégance hautaine, au modelé à la fois adouci et épuré, constituent la quintessence même du génie artistique gupta et un canon esthétique dont ne cesseront de se réclamer, au fil des siècles, nombre de courants artistiques ultérieurs. Divers éléments de décor architectural permettent en outre d’évoquer le cadre dans lequel ces œuvres d’art sacré prenaient place au sein des sanctuaires hindous et des monastères bouddhiques.

Participant souvent du décor des temples, les terres cuites gupta séduisent par leur fraîcheur et leur verve narrative, servies par une superbe facture. Elles illustrent une veine profane et spontanée, dont le répertoire emprunte aussi bien à la mythologie qu’au théâtre ou aux scènes de la vie quotidienne et offre un séduisant contrepoint au hiératisme et à la grandeur des images de culte.

La dernière partie de l’exposition introduit à l’art de quelques grands sites régionaux – tels Bhumârâ, Deogarh, Nâchnâ Kutharâ et Shâmalâjî – et permet d’appréhender l’esthétique gupta dans toute sa diversité et ses particularismes régionaux aux Ve et VIe siècles.

This exhibition was organised by the Réunion des musées nationaux, the musée national des Arts asiatiques-Guimet and the National Museum, New Delhi.

The Gupta era (4 - 6 AD) marks the high point of Indian civilisation. During this golden age, when religious thinking, sciences, literature and the theatre flourished, art reached an unprecedented level of refinement and perfection ; aesthetic canons and iconographic models developed during the Gupta period would endure through the centuries, and their influence would spread into the art of Nepal, of South East Asia and even of Central Asia.

Thanks to exceptional loans from the greatest Indian museums, a collection of about 110 sculptures (stone, terracotta, bronze) sets out the genesis, development and the influence of this art which is still relatively unknown by the Western public. This exhibition is the first event, devoted exclusively to the art of Gupta India, to be organised in France and indeed in Europe.

As with the sovereigns of the first great historic dynasty of the Indian sub-continent, the Mauryas (4 – 2 BC), the Guptas originated from Northern India. And like other royal families in Indian history whose ancestry remains somewhat obscure, Gupta rule established itself progressively after the break-up of the great Kushana empire towards the end of the third century. Their territories extended into part of the modern state of Bihar, with the ancient city of Pataliputra (modern Patna) as the capital. The dynasty was officially founded in 319-320 by Chandragupta I, who that year ascended to the throne of a small kingdom which was to have a dazzling future. The military power and political skill of the two great sovereigns Samudragupta (around 335 – 375) and Chandragupta II (around 375 - 415) took the empire to its height before, towards the end of the fifth century, its dominance was weakened by the invasions of the Hephalite Huns, and the empire plunged into an irreversible decline.

The exhibition is laid out chronologically and presents Gupta art from the great centres of creation in Mathura and Sarnath to the most important artistic centres in outer regions of the empire which, at its height, extended over the whole of Northern India. At the beginning of the exhibition, a collection of gold coins, among the finest examples in Indian numismatics, evokes the reigns and the personalities of the greatest monarchs of the dynasty.

There is then a small group of sculptures illustrating the stylistic and iconographic antecedents from which Gupta art developed, and which are firmly rooted in the robust and profoundly eclectic art of the great Kushana period (1st-3rd centuries AD).


Mathura and Sarnath, the great artistic centres of the 5th century, are then conjured up through a stunning collection of sculptures – Buddhist, Jain and Hindu. Carved in the pink sandstone of Mathura or the buff sandstone of Sarnath, these divine images, vibrant with interiority and contained spirituality, imbued with grace and haughty elegance, with both gentle and refined contours, are the quintessence of the Gupta artistic genius and an aesthetic canon which many subsequent artistic trends down the centuries will claim to express. In addition, a variety of architectural, decorative pieces evoke the settings within Hindu shrines and Buddhist monasteries in which these works of sacred art took their place.


Often part of the temple decoration, the Gupta terracotta figures captivate us with their freshness and narrative eloquence, enhanced by superb craftsmanship. They illustrate a secular and spontaneous creativeness, whose repertoire borrows equally from theatre, mythology or from scenes of daily life, and offers an appealing counterpoint to the hieratic and grandiose cult images.

The last part of the exhibition introduces art from a few great regional sites –such as Bhumârâ, Deogarh, Nachna, Kuthara and Shamalaji – and enables us to comprehend all the diversity and regional specialities of the Gupta aesthetic in the 5th and 6th centuries.

(this introduction is from : http://www.rmn.fr/inde-classique/01presentation/index.html )

Chants Classiques Persans (Mahsa et Marjan Wahdat) et Qawwalis (Abida Parveen)

Concert : Chants Classiques Persans - Mahsa et Marjan Vahdat (Iran) - Dimanche 27 mai à 15 h à la Cité de la Musique

Mahsa et Marjan Vahdat : chant
Eslami Mirabadi Amirhossein : ney

Date :
Dimanche 27 mai 2007 à 15h

Lieu :
Cité de la Musique
221 avenue Jean Jaurès
75019 Paris
Métro : Porte de Pantin

Réservation et renseignements : 01 44 84 44 84
(tous les jours de 11h à 19h, le dimanche jusqu'à 18h)

Achat de billets en ligne :

http://www.cite-musique.fr/francais/spectacles/_database/S04036.htm

Là, dans la nuit, quelque chose se passe
La lune est rouge et angoissée.
Et accrochés à ce toit
Qui risque de s’effondrer à tout moment,
Les nuages, comme une foule de pleureuses
Attendent l’accouchement de la pluie…

Forugh Farrokhzad (1935-1967) dans le film Le Vent Nous Emportera d’Abbas Kiarostami

Les soeurs Mahsa et Marjan Vahdat sont le reflet d’une évolution du chant classique persan. À l’image d’une nouvelle génération de musiciennes de plus en plus nombreuses, éduquées et totalement dévouées à la cause artistique, elles expriment la continuité d’une tradition confrontée aux problèmes d’identité de la société iranienne actuelle. Les voix s’entrecroisant dans un véritable labyrinthe modal portent, gracieuses et fières, la poésie persane vers de nouveaux horizons. Le nay (textuellement « roseau »), soit la longue flûte classique habitée par le souffle mystique des derviches et soufis, reflètera le vent de l’esprit porté par l’imagination musicale du jeune artiste Amir Hossein Eslami. Dans sa capacité à se régénérer constamment, la musique persane est un phénomène unique en Orient. Davantage que la fidélité à une pure transmission historique, elle a privilégié une authenticité de l’émotion, fruit de son héritage mystique : au-delà de toute volonté de création et de recherche d’une notion de beauté esthétique, l’artiste s’attachait autrefois à la recherche du vrai et du « révélé ». Il savait s’écarter de toute tentation narcissique, être seulement le transmetteur d’une révélation et s’effacer derrière l’oeuvre pour nous faire basculer dans cette profondeur nostalgique du trouble et du déchirement mystique, dans cette souffrance d’une extase sans cesse effleurée. L’âme chiite a toujours préféré se noyer dans cet océan mystique de la transe et de la connaissance symbolique que se laisser porter par le fleuve calme de la légalité religieuse. Le pouvoir émotionnel de la musique ouvre une sorte de couloir, de passage entre le monde réel et le monde spirituel qui permet au hâl, ce souffle d’inspiration divine, de s’épandre dans le coeur de l’artiste ou du disciple. Si la musique traditionnelle persane est toujours vivante de nos jours, si elle a pu traverser habilement les tumultes de l’histoire contemporaine de son pays, éviter les pièges d’un académisme figé, c’est précisément parce qu’elle a su ne pas se détourner de son inspiration mystique.

À l’écoute de ces chants féminins, on pense à la magnifique poétesse du désespoir Forugh Farrokhzad (1935-1967), connue pour son célèbre poème extrait du film Le Vent nous emportera d’Abbas Kiarostami :

Là, dans la nuit, quelque chose se passe
La lune est rouge et angoissée.
Et accrochés à ce toit
Qui risque de s’effondrer à tout moment,
Les nuages, comme une foule de pleureuses
Attendent l’accouchement de la pluie…

La musique iranienne véhiculée par cette nouvelle génération de jeunes artistes se situe donc au carrefour du modèle traditionnel et d’une possibilité d’interprétation personnelle constituant le musicien en tant que créateur à part entière, selon notre conception moderne de l’art. C’est cette liberté artistique soumise aux lois d’un mode musical dont le musicien tente d’extraire constamment le maximum de sentiments qui lui permet de conserver cette rigueur de l’émotion et de se détourner du sentimentalisme d’une certaine variété orientale.

Alain Weber

Source :
http://www.cite-musique.fr/francais/images/pdf/notes_programme/070526_femmes_orient.pdf


Concert : Qawwalis - Dimanche 27 mai à 18 h Abida Parveen (Pakistan) à la Cité de la Musique


Date :

Dimanche 27 mai 2007 à 18h

Lieu :
Cité de la Musique
221 avenue Jean Jaurès
75019 Paris
Métro : Porte de Pantin

Réservation et renseignements : 01 44 84 44 84
(tous les jours de 11h à 19h, le dimanche jusqu'à 18h)


Achat de billets en ligne :
http://www.cite-musique.fr/francais/spectacles/_database/S04037.htm

Abida Parveen : chant
Nazir Khan : tabla
Karam Hussain : dholak
Manzoor Hussain : harmonium
Himat Ali : duff

Lave mon châle souillé,
Tu as déjà lavé des centaines de châles pour les autres,
Le vêtement du corps, avec le savon de ton âme
Lave les taches de nos coeurs
J’ai peu de savon et beaucoup d’eau sale,
Laisse-moi tremper là.
Ton coeur est un fleuve, et dans l’eau qui court
Frotte bien pour enlever les taches.
Le monde se rit de mon chagrin mais
moi je pleure sur le chagrin du monde.

(Poésie dédiée au saint Baba Farid Ganje-Shakar, 1265)

Abida Parveen a su imposer sa personnalité de femme dans un domaine plutôt représenté par des hommes, notamment les ensembles de qawwals, ces musiciens qui, traditionnellement, chantent dans les dargah, sanctuaires des « grands ancêtres », fondateurs de lignées soufies aux alentours du XVe siècle, qui ont depuis été élevés au rang d’êtres quasi-divins. Abida Parveen est elle-même issue d’une de ces lignées et c’est son père, Ghulam Haider, chanteur célèbre et directeur d’une école de musique qui, détectant le talent précoce de sa fille, l’a initiée au chant et encouragée à persévérer dans cette voie. Devenue effigie d’un chant religieux écouté par tous les musulmans du continent indien, elle est aussi populaire, dans cette partie du monde, que le regretté Nusrat Fateh Ali Khan. Le monde masculin sait reconnaître le pouvoir émotionnel d’une voix féminine inspirée par le divin. Le chant qawwali, expression soufie du continent indo-pakistanais, vit grâce aux qawwâls qui sont tous issus de l’ordre des chishti. Cet ordre remonte au XIIe siècle et assure la transmission du chant de maître (pîr) à disciple (murîd). « Amour qui s’enracine, s’enlace et se nourrit de l’être Aimé pour croître», telle est la définition du terme mystique ishq qui nous renvoie une fois de plus à ce paroxysme de l’émotion, ce déchirement entre l’absence du bien-aimé symbolisant Dieu et cette plénitude extatique où l’on entrevoit la fusion avec l’être supérieur et protecteur. Au-delà des effets vocaux très sophistiqués et émotionnels, le chanteur doit toujours se consacrer au don du mot et de la parole pour provoquer l’état de grâce, amad. Le kalam (le Verbe) du poète soufi est harangué, chanté, déclamé par la voix d’Abida Parveen, une voix qui au-delà de sa sensibilité possède aussi une puissance masculine.

« Le chanteur qawwâl ne chante pas pour lui-même ; il met en relation celui qui l’écoute avec l’invisible, l’immatériel, et le dirige vers une perception de l’aspect impalpable du monde. On vient s’asseoir au mehfil (réunion) pour écouter avec son âme. » (Claire Devos, Qawwali, Éditions du Makar).

Alain Weber

Source :
http://www.cite-musique.fr/francais/images/pdf/notes_programme/070526_femmes_orient.pdf

Tuesday, May 15, 2007

Concert : Vendredi 25 mai à 20h30 - Sharafat Ali Khan et ses musiciens (Musée Guimet)


Chants Indo-Pakistanais : Sharafat Ali Khan et ses musiciens


Indo-Pakistani songs : Sharafat Ali Khan and his musicians


(see below for information in English)

Lieu :

Musée Guimet
Auditorium du musée national des arts asiatiques
06 place d’Iéna
75106 Paris

tél : 01 40 73 88 18 fax : 01 40 73 88 11 email : auditorium@guimet.fr

Métro : Iéna

Tarif : 16 €

Tarif réduit : 10 €

De nationalité pakistanaise, Ustad Sharafat Ali Khan est issu d’une illustre famille de musiciens du Punjab indien. Il représente la 12ème génération de cet héritage musical, tandis que son fils de 15 ans, Shujat Ali, s’affirme déjà comme emblématique de la 13ème. L’un et l’autre sont virtuoses et dignes représentants d’une lignée qui peut être suivie depuis le XVIème siècle. Ustad Chand Khan et Suraj Khan furent les fondateurs de leur gharana (école familiale caractéristique de leur style de jeu. Ils étaient tous musiciens à la cour du roi Akbar à Fateh pur Sikri (près de Delhi) en Inde. Cette école a formé de nombreux artistes interprètes de très haut niveau depuis les dernières 400 années. Elle est surtout reconnue pour les multiples formes musicales qu’elle enseigne : khyal, dhrupad, thumri, kafi et ghazal, et sa place particulière entre tradition et contemporanéité du chant. Le père de Sharafat Ali Khan, Salamat Ali Khan, disparu en 2001, hissa le style vocal du khyal à son plus haut niveau, tout comme celui du thumri et du tarana. Artiste de renommée internationale, professeur de musique classique vocale du nord de l’Inde et du Pakistan, Sharafat Ali Khan reprend donc aujourd’hui, à la suite de son père, le flambeau de cet art vocal unique. Une remarquable personnalité humaine et musicale, maître d’une expression faite de force et de raffinement.

(cette introduction a été extraite du site du Musée Guimet - Mounir)

liens :

http://www.museeguimet.fr/Spectacles,541


Indo-Pakistani songs : Sharafat Ali Khan and his musicians

Pakistani by nationality, Ustad Sharafat Ali Khan is from an illustrious family of Punjab Indian musicians. He represents the 12th generation of this musical heritage, while his 15 year old son, Shujat Ali, is already carrying this heritage into the 13th. Both are virtuosos and worthy representatives of a lineage which can be traced back to the 16th century. Ustad Chand Khan and Suraj Khan were the founders of their gharana (family school characteristic of their musical style). They were all musicians at the court of the King Akbar at Fateh pur Sikri (near Delhi) in India. This school has trained many interpretive artists to a very high standard for the last 400 years. In particular, it is renowned for the many musical genres which it teaches: khyal, dhrupad, thumri, kafi and ghazal, and for its special place between the traditional and the contemporary in song. Sharafat Ali Khan’s father, Salamat Ali Khan, who passed away in 2001, took the vocal style of khyal to a higher level, as he did with the styles of the thumri and the tarana as well. An artist of international renown, a teacher of classical sung music in north India and Pakistan, Sharafat Ali Khan is following on from his father by taking up the torch of this unique vocal art. A remarkable person and musician, master of fine yet powerful style of expression.

(this presentation was taken from the site of the Musée Guimet - Mounir)

links :

http://www.museeguimet.fr/Spectacles,541

Thursday, May 10, 2007

Concerts de Musique Indienne au Musée Guimet le 15 et 16 mai 2007 à 20h30

Lieu :

Musée Guimet
Auditorium du musée national des arts asiatiques
06 place d’Iéna
75106 Paris

tél : 01 40 73 88 18 fax : 01 40 73 88 11 email : auditorium@guimet.fr

Métro : Iéna

Tarif : 16 €

Tarif réduit : 10 €

Vendredi 11 mai à 20h30

Kushal Das et Biplab Bhattacharya Surbahar et tabla Sudipta Rémy (tampura) en coproduction avec Samhati

L’invention du surbahar, au tournant des XVIIIe et XIXe siècles, est attribuée diversement à Ustad Sahebdad Khan, père du légendaire Ustad Imdad Khan, ou à Ustad Ghulam Mohammed, sitariste de Lucknow au XIXème siécle. Le surbahar est au sitar ce que le violoncelle est au violon. Son apparence, celle d’une version agrandie de ce dernier, tient sans doute à sa filiation avec le kachua sitar (grand sitar dont la caisse de résonance évoque une carapace de tortue : kachua). Acoustiquement, il s’agit de fait d’une version basse du sitar, avec des graves très profonds et une ampleur sonore inégalée, mais la technique de jeu relativement différente. Kushal Das, l’un des sitaristes majeurs de la Maihar gharana (l’"école stylistique" de Pdt Ravi Shankar) a été l’élève de plusieurs maîtres dont Sanjoy Banerjee et Sri Ajoy Sinha Roy. Il a aussi étudié intensivement le chant auprès de Sri Manas Chakraborty et Sri Ramkrishna Basu. Serge Noël-Ranaivo d’Ocora Radio France nous dit que sa rencontre avec le surbahar fut un véritable coup de foudre. Artistiquement, Kushal Das a fait le choix d’approfondir l’alap dans l’esprit du bara khyal ("grand" khyal) et du dhrupad, et de s’inspirer des répertoires du sitar pour les parties accompagnées aux tabla. Kushal Das est accompagné au tabla basse (ce qui représente une rareté, l’instrument rythmique de référence étant le pakhawaj) par le virtuose Biplab Bhattacharya, disciple de Pdt Shankar Ghosh. Leur rencontre a fait l’objet d’un merveilleux enregistrement « Raga Marwa » dans la collection Ocora Radio France. A découvrir absolument.

Samedi 12 mai à 20h30

Sandip Chatterjee et Apurba Mukherjee Santour et tabla

Le santour (ou santoor) est un instrument persan introduit en Inde au XVème siècle. Son origine semblerait remonter aux Assyriens ou aux Babyloniens. Doté d’approximativement 100 cordes, il est apparu, sous cette forme, dans la vallée de l’Himalaya au Cachemire. Connu comme le « Shata Tantri Veena », il est le parent proche du dulcimer anglo-saxon, du yangqin chinois et du cymbalum d’Europe centrale. Certains le considèrent même comme l’aïeul du piano.

Révélé comme musicien prodige dès l’age de huit ans, Sandip Chatterjee, élève de Pdt Tarun Bhattacharya (lui-même disciple de Pdt Ravi Shankar), puis du maître Pdt Ajay Chakraborty, devient rapidement un virtuose, honoré par de nombreux prix. Considéré dès lors comme l’un des joueurs de santour les plus prometteurs de l’Inde, il a entamé très rapidement une carrière internationale.

Apurba Mukherjee, est un joueur de tabla extrêmement connu, disciple de Sri Shankar Mukherjee, puis du célèbre maestro Pandit Shankar Ghosh. Nous ne comptons plus le nombre de chanteurs et de musiciens célèbres qu’il a déjà accompagnés dans le monde entier, et, parmi eux, son épouse Indrani que vous avez pu récemment entendre, en sa compagnie, sur la scène de l’auditorium Guimet.

liens :

http://www.museeguimet.fr/Spectacles,541

http://www.museeguimet.fr/Renseignements-reservations-et

Wednesday, April 04, 2007

Coup de Coeur : Un Nom Pour Un Autre - The Namesake par Mira Nair (d'après l'oeuvre de Jhumpa Lahiri)

Un beau film à ne manquer sous AUCUN prétexte !

(see below for information and links in English)

The NamesakeUn nom pour un autre - voici un film plein de sensibilité, de charme, de tendresse et d'émotions : tout cela fait beaucoup pour un seul film. Mais, cela ne surprend guère s'agissant de Mira Nair, la fameuse réalisatrice de Salaam Bombay, de Mississipi Masala et de Monsoon Wedding.

Les thèmes qui composent ce film sont nombreux et, tel un tableau savamment peint, ces différentes et délicates couleurs se croisent, s'entrelacent et se mélangent pour donner naissance à d'autres couleurs plus profondes, plus nuancées et plus belles encore.

Si l'on est pas de la diaspora, si l'on a pas connu l'éloignement culturel et géographique, il sera difficile de comprendre ce film, car ce film s'inspire de deux auteurs en exil – « l'exil » est un thème central de ce film et de l'oeuvre d'origine : Mira Nair, la réalisatrice de ce film et surtout Jhumpa Lahiri, dont l'oeuvre The Namesake a inspiré ce film, et qui est une très célèbre écrivaine de langue anglaise recompensée à de nombreuses fois pour ses magnifiques livres ou recueil de nouvelles comme : L'interprète des maladies (The Interpreter of Maladies).


La palette des questions abordées est vaste et tourne autour principalement du thème de l'exil et de ce que devient la culture indienne lorsqu'elle est loin de chez elle, cette culture que l'on a connue dans ses jeunes années, à laquelle l'on est si attaché et que l'on veut maintenir dans le pays d'accueil et/ou d'exil - où l'on a dû migrer, de force ou par choix ou pour les deux raisons à la fois.

Mais, comme le laisse suggérer le mot « exil », celui-ci peut aussi se transformer en « aliénation » et en « solitude » immenses. Cet « éloignement » et cette « solitude » ne sont pas seulement géographiques, elles sont aussi intérieures, plus profondes, plus psychologiques et comportent de nombreux aspects sociaux et familiaux.


Et puis, malgré tout, en dépit de toutes ces questions existentielles oppressantes qui peuvent nous hanter au quotidien, la vie fait son chemin, elle continue, puis vient un jour où les enfants naissent, grandissent et finissent par s'envoler de leurs propres ailes et semblent donner moins d'importance à tous ces rites et cette culture d'origine à laquelle leurs parents peuvent être si attachés. Malgré leur teint basané et leurs traits du visage très marqués, ils deviennent de véritables américains, français, britanniques, canadiens et autres australiens suivant le pays où ils vivent désormais.

L'on dit aussi que si les parents élèvent leurs enfants, ce sont aussi les enfants qui transforment leurs parents car entre les deux, il y a quelque chose qui est peut-être plus fort que la culture : l'amour, l'affection d'une mère et d'un père pour ses enfants, d'où enfin cet étrange et paradoxal conflit entre amour et culture qui est très savamment évoqué dans ce film de Mira Nair et de Jhumpa Lahiri.

Ce film est aussi fidèle à Lahiri pour son ton optimiste à la fin, cette réconciliation étrange et délicate à la fois, inattendue et paradoxale à la fois des attentes/valeurs des uns et des "choix" des autres.

Mais je n'étonnerai guère peu de mes lecteurs et de mes lectrices en disant que cette position n'est pas la mienne et que je ne peux accepter de laisser mourir nos cultures, nos racines, nos histoires même en exil "forcé". On a beau aimer nos enfants en leur laissant la possibilité de "choisir" leur voie et leur destin, mais je continue de penser que sans doute on les a mal aimé ou pas assez aimé en ne leur donnant pas la possibilité de savoir en profondeur qui ils sont et d'où ils viennent...


Mounir

LINKS :

Official site

http://www.foxsearchlight.com/thenamesake/

Listen to Mira Nair on the movie The Namesake

http://in.movies.yahoo.com/namesake-movie/

A blog by lead actor Kal Penn

http://thenamesake.typepad.com/blog/

Wikipedia on the movie The Namasake

http://en.wikipedia.org/wiki/The_Namesake

Wikipedia on Lahiri

http://en.wikipedia.org/wiki/Jhumpa_Lahiri

Wikipedia on Mira Nair

http://en.wikipedia.org/wiki/Mira_Nair

Reviews at Rotten Tomatoes

http://www.rottentomatoes.com/m/namesake/