Wednesday, November 01, 2006

Le lutteur affabulateur

[Ce texte a été écrit et adapté à partir d'un conte indien de langue Hindi/Urdu.]

Une maxime sur les affabulateurs

Voci une maxime indienne concernant les gens prétentieux, les affabulateurs qui peuvent vous raconter de fausses histoires à leur sujet.

En Hindi/Urdu cela se dit ainsi : « jhuṭhē vādon par vishvās karnā bēkār hai » ce que l'on peut traduire en français de la manière suivante : « il est inutile de croire aux fausses promesses que l'on peut vous faire » ou bien « il est inutile de croire les gens prétentieux et les affabulateurs, notamment lorsqu'il vous font étalage de leurs mérites et de leurs capacités démesurés ».

Je voudrais illustrer cette maxime par un petit conte : un jour, un lutteur se présente à la cour d'un maharajah en faisant état de sa force incroyable, de ses nombreux exploits et de ses immenses capacités physiques. On le mène auprès du maharajah pour le lui présenter. Aussitôt présenté au maharajah, il lui raconte comment il avait pu vaincre dix lutteurs dans un combat unique, comment il avait réussi à faire face à des animaux féroces de la jungle et comment un jour il avait réussi à soulever une montagne et la poser sur sa tête. Il lui raconte également qu'il peut boire jusqu'à cent litres de lait par jour et des choses incroyables de ce genre.

Le maharajah, bien trop naïf, est très impressionné par tous ces récits extraordinaires. Il se dit que ce serait bien d'avoir un tel homme à portée de la main auprès de lui et qu'un jour ou l'autre il lui serait bien utile. Aussi, il le fait installer à la cour en lui mettant à sa disposition tous les avantages matériels de son palais : le lutteur n'attendait que cela; ainsi, aussitôt installé dans ce palais magnifique et somptueux du maharajah, il passe ses journées à manger, à boire, à dormir autant que possible et, bien sûr, à raconter et à vanter tous ses mérites et ses exploits démesurés.

Un jour, des villageois viennent se plaindre auprès du maharajah et demandent qu'on leur viennent en aide. En effet, des animaux sauvages venant de la colline voisine viennent régulièrement causer des ravages à leurs récoltes et à leurs troupeaux de bétail et d'animaux domestiques. Entendant toutes ces plaintes, le maharajah, qui était un homme très compatissant, se rappelle aussitôt les exploits de ce lutteur qu'il avait engagé et installé dans son palais. Il va le voir, lui explique la situation de ces pauvres villageois et lui demande d'aller déplacer cette colline pour ainsi se débarrasser de ces animaux féroces qui s'y cachent.

Le lutteur lui répond : « Mais, sans problèmes, maharajah, je vais y aller de ce pas. Mais, avant, il faut que je me nourrisse ! » Aussitôt, il se met à table et se met à manger toutes les bonnes choses qui existent au palais du maharajah. Puis, accompagné du maharajah et de sa cour, il arrive jusqu'au pied de la colline en question, se met à faire quelques exercices physiques pour s'échauffer puis il déclare : « ô Maharajah, je suis prêt à déplacer cette colline, mais dites-moi où je dois la jeter : du côté du royaume de votre rival ou de l'autre côté du fleuve ? Je ferai exactement ce que vous me direz ! Mais avant, dites à vos hommes de creuser cette colline pour que je puisse la soulever et la jeter là où il le faut. »

Stupéfait, le maharajah lui répond : « Mais, tu nous avais dit que tu pouvais soulever une montagne et la poser sur ta tête ! » Le lutteur lui répond aussitôt : « Mais certainement, maharajah ! Cela est tout à fait juste, je peux la porter sur ma tête mais il faut d'abord la déterrer et cela, je ne sais pas le faire ! » Le maharajah, bien naïf jusque-là, finit par comprendre la ruse et les mensonges du lutteur.

Après s'être reproché d'avoir été ainsi dupé par un tel personnage qui n'avait cessé de lui raconter des histoires et qui ne cessait de vanter ses capacités toutes aussi fausses les unes que les autres, aussitôt après et sans plus attendre, il le fait chasser de sa cour.

Ainsi, ce petit conte illustre bien cette maxime qui dit qu'il ne faut pas croire tout ce que l'on vous raconte et surtout qu'il faut se méfier des gens prétentieux et des affabulateurs.

Je rappelle cette maxime en Hindi : « jhuṭhē vādon par vishvās karnā bēkār hai » ce que l'on peut traduire en français par : « il est inutile de croire aux fausses promesses que l'on peut vous faire » ou bien « il est inutile de croire les gens prétentieux et les affabulateurs, notamment lorsqu'il qui vous font étalage de leurs mérites et de leurs capacités démesurés » car, comme ce maharajah, cela peut vous coûter très cher.

Mounir Nassor
( mounirnassor@yahoo.co.in / www.myindias.blogspot.com )

No comments: